A. Strid. "Création, violence vitale et dessaisir"

littérature : poésieNature. CorpsARTAUD, Antonin (1896-1948)A. STRID

"Dans mes territoires de poésie, je vais où nous sommes dans cette violence vitale. Comment savoir si c’est notre nature qui est extrême ou ce que nous explorons qui l’est ? Réellement, ce qui est mis en oeuvre a la puissance de l’énergie de vie et de mort, celle qui est à la source de nous."

Se dessaisir [1]
Les images de nos mondes intérieurs peuvent être si fortes en présence, couleur, polysémie, que les images dites « de la réalité » n’ont pas facilement la puissance de la danse lumineuse de ce que l’on peut vivre dans son sommeil ou dans des états de perception inhabituels (une crises d’asthme, un manque de nourriture, un fort apport d’oxygène...).Capturer ces concentrés là et intercepter quelque chose pour le ramener, passe par la production volontaire d’états de conscience interpénétrés. J’appelle, faute de mieux, ces états de conscience le recommencer. A cause d’une chanson d’Higelin (!) La chanson dit : « Tu apprendras ma mort par un ami , par les journaux, par la poste. Alors...Alors tu voudras recommencer, tu auras une envie folle, immédiate de recommencer et tu sauras de quoi je parle en ce moment précis... »
L’envie de recommencer non comme la première ou la dernière fois, mais l’envie de faire encore, après avoir tout perdu. Être encore là dans le vide donné par l’évènement qui a tout pris : les choses, les gens, la vie. Dans cette vacance cruelle, juste avant le désir d’emplir le vide, il y aura un bien être d’avant la mise à feu - une suspension des muscles - une irritation de peau propre - puis, en même temps que, déjà, le regret de la dépossession, cette liberté là - cette toilette de caillou - s’emplira du désir effaceur, de l’énergie brute du recommencer.
C’est en cherchant cette posture là dans l’exploration radicale des perceptions puis dans le rapport à l’autre , cette façon de recommencer, toujours neuve et décapée et dans la tentative de se dessaisir au lieu de garder, que je peux ne pas désespérer de l’espèce.
La poésie, semble t-il, sait faire voler en éclats les codes, dans le meilleur comme dans le pire. Dans mes territoires de poésie, je vais où nous sommes dans cette violence vitale. Comment savoir si c’est notre nature qui est extrême ou ce que nous explorons qui l’est ? Réellement, ce qui est mis en oeuvre a la puissance de l’énergie de vie et de mort, celle qui est à la source de nous. Revenue ici, je cherche (et me trompe souvent), ce qui dans la rencontre humaine sera une création de la rencontre, pour retrouver l’état d’esprit que l’on a quelquefois en observant un animal, un bourgeon ou en mâchant lentement une jeune pousse : être en accord.

Dehors ou dedans être dans l’état de conscience décapé, être celui/celle qui a tout perdu à la seconde même du dessaisir juste avant l’énergie brute du recommencer. Avoir cette liberté de caillou propre. Approcher l’autre ou le monde dans la brutalité de l’immobilité ou de l’assaut, dans la multiplicité. Écrire ou mâcher. Pénétrer ou malaxer et laisser filer. C’est un rut comme conscience forcenée de l’autre et du monde, un rut comme regard précis, un instant inattaquable, la crudité en mouvement, un point d’équilibre en mouvement.
Je n’ai pas vécu de « mise en danger » plus grande à capturer l’enchantement qu’à le laisser filer. Et j’ai choisi de laisser filer. Pour recommencer on peut se servir de l’élan vital, qu’il vienne de la pulsion sexuelle ou de la perception de la mort. C’est un moteur. Il permet la rencontre, lien ou combat avec sa propre étrangeté, l’étrangeté de l’autre, l’étrangeté du monde. C’est une danse nue, une nourriture d’origine, une suffocation, une légitimité de l’être, ou tant d’autres choses ! Dans le recommencer cette énergie là ne consume pas - elle rencontre, elle ne prend pas possession - elle connaît, elle ne se rend pas maître - elle campe, elle ne garde pas - elle laisse filer. Prendre et laisser filer. Ne pas se rendre maître. Dans le voyage intérieur comme dans la rencontre avec l’arbre, la femme, l’homme, l’animal... Se dessaisir volontairement de ce que l’on prend : la brutalité comme un don, la brutalité comme une perte. Peu commune alors est la rouille à la mesure de nos désirs. Alors le partage de cela peut être de la même chair que nos rêves et inversement.
Modèle ségrégatif et autoroute du comportement
Cette perception du monde, je la sais partielle et partiale, d’autres coexistent sans que je les qualifie d’ordinaires, d’hérétiques, ou de fausses. Ce qui fait naître la non-coexistence et le combat c’est quand une vision du monde prend le pouvoir. Dans (quasi ?) toutes les cultures, les archétypes sociaux ont au moins un point commun : on a préféré une formule où la constatation de la différence sexuelle précipite systématiquement en prédominance d’un sexe sur l’autre [2]. Qui plus est, notre modèle social actuellement prépondérant privilégie un étalon hierarchisé et dominateur de la connaissance, du rapport à l’autre et au monde. Est ainsi érigé en dogme une humanité « masculine », « conquérante » d’un univers à connaître « féminin passif ». Ou du moins, c’est cette formulation là des archétypes qui a été portée à notre connaissance. En découle le standard de la fertilité passive, endurante immanente et intériorisée de la femme, opposé à la créativité volontaire, brutale, transcendante et extériorisée de l’homme. Quelle serait cette prédestination biologique sans évolution ni mutation, que la vie aurait désertée au point de rendre le mouvement impossible ? Il s’agit là plutôt, de mettre à profit une vision du monde pour castrer, adapter, infléchir, plier - socialement. Ainsi, il ne reste plus ensuite qu’à emprunter dans les sphères politique, professionnelle, artistique, affective, spirituelle... l’autoroute des comportements sociaux érigée en invariant de l’espèce.
Asymétrie et confiscation
L’homme et la femme possèdent chacun la capacité de reproduction biologique (voir les gamètes et les chromosomes) et donc possèdent chacun l’immanence de la vie. Il y a une asymétrie fonctionnelle des corps dans le fait que ce sont les femmes qui physiquement portent les enfants des deux sexes, les accouchent, et donnent du lait.(4) Cela ne confisque pas aux hommes le rôle biologique de la génération et donc, dans la sphère des concepts, le masculin n’est pas exclu de la fertilité endurante, immanente, passive et intériorisée. Et parce que l’homme et la femme possèdent chacun la capacité de la pensée, ils possèdent chacun la capacité du dépassement. L’asymétrie fonctionnelle des corps citée plus haut ne confisque pas aux femmes l’accès au symbolique de la création. Et donc, dans la sphère des concepts, le féminin n’est pas exclu de la créativité brutale, transcendante, active et extériorisée.
Multiplicité en mouvement
En admettant provisoirement que notre spécificité d’être vivant sexué séparément - mâle et femelle - ne nous permettent pas de penser le monde autrement qu’en opposant des paires de concepts deux à deux, (jour/nuit - passif/actif - gain/perte - interne à l’être et à l’expérience/au delà des possibilités apparente de l’être et de l’expérience...)( [3] cela ne veut pas dire que la hiérarchisation des concepts soit utile pour penser. Ainsi, tant qu’on ne pensera pas les intervalles entre les pôles plutôt que les pôles eux-mêmes : tous les instants présents entre le jour et la nuit, toutes les températures entre le chaud et le froid - c’est à dire la multiplicité. Tant qu’on ne pensera pas le mouvement dans cette multiplicité - c’est à dire les points d’équilibre en mouvement du vivant. Et tant que cette multiplicité en mouvement ne nous servira pas à penser nos systèmes de représentation eux mêmes, nous fabriquerons une vision du monde non seulement bipolaire, mais surtout une dualité hiérarchisée à la fixité délétère.
Impliquer la multiplicité et le mouvement dans la structure même des représentations permet à la différence de ne pas se soucier d’être une prédominance. Quand les concepts sont mis en présence dans notre esprit, les paires alternent incessamment en leur sein (...ournuitjournuitjou...,...assifactifpassifacti...). Alors les différentes paires (dites opposables) ne se superposent pas forcément toujours au même endroit d’une extrémité supposée. Elles peuvent se croiser à tous les points au sein des intervalles. Féminin croisant « l’intra-l’être » puis « l’outre-passant-l’être » avant de passer à masculin qui croisera tôt ou tard « l’intra-l’être » ou « l’outre-passant-l’être ». Quelque soit la valeur que l’on peut avoir besoin d’accorder à chaque élément des représentations binaires, (« l’outre-passant-l’être » supérieur à « l’intra-l’être », ou le contraire), leur mouvement constant empêche la tentation d’assigner à l’altérité des représentations à connotations culturellement négatives, puisque ce qui nous ressemble les croisera tôt ou tard dans le mouvement.
Encore faut-il le vouloir ! Sans l’envie de faire évoluer nos visions de l’humanité et du monde, il est illusoire de vouloir faire évoluer nos vie. Car nos multimillénaires schémas de représentations - y compris en Occident - sont en eux mêmes des dominations culturelles. L’antiquité de ces schémas les prédisposent à sembler naturels. D’ailleurs, cette extrême antiquité hégémonique est notre meilleure justification - même inconsciente - pour en déduire l’impossibilité d’une alternative, voire dans certains cas de reconduire volontairement l’occultation violente des alternatives. Il est important de s’affranchir de ce système de représentations qui partage tout en deux en se fixant sur les pôles sans jamais habiter l’intervalle - c’est à dire voir un début et une fin plutôt qu’un chemin. Car il induit le système archaïque de la séparation sexuelle des tâches, de la condition humaine et des concepts. La condition humaine est mixte. Hommes et femmes ...intra-l’être-outre-passant-l’être... en regard d’un monde qu’il n’est pas forcemment besoin de sexuer comme nous le sommes nous mêmes. Mais si par la force de l’habitude le besoin perdure, alors que notre vision du monde soit polysexuée et en mouvement incessant, ainsi personne ne pourra être identifié à une face de l’univers toujours la même et pour toujours. Le principe de mixité est une égalité des différents, le principe de complémentarité est fondateur de multiples apartheids.
Polyphonie
Ailleurs, sur les voies multipliées, il reste à ne pas renoncer à faire évoluer l’espèce et à se battre, non contre une vision du monde que partagent tant de gens, mais contre ce besoin de plier l’autre à sa propre vision, comme une légitimation d’apartheid. Ceux qui de la connaissance et du rapport à l’autre ont éradiqué les doutes, ont refusé la multiplicité ; ceux qui avec la connaissance et l’enchantement de la création n’ont rien de plus pressé que de catégoriser à leur image ; que ceux-là - entendent - l’existence d’un invariant de l’espèce dans cette posture : l’intention perpétuelle : chaque homme, chaque femme, potentiellement - même la brute - en possession/dépossession active et volontaire de l’enchantement et de la connaissance.
Ceux et celles qui de cela ne font pas forcément une domination existent depuis toujours. Dans le lien ou dans le combat, la minorité ne perd rien de sa validité à être moins nombreuse. L’humanité ne perd rien de son androgynie à être en partie occultée. Les voix du comportement humain connaissent la polyphonie depuis les origines. Ceux et celles qui, de la connaissance et de l’enchantement, n’ont pas fait une domination n’ont pas forcément laissé de traces mais leurs chants se retrouvent aujourd’hui dans les notres. C’est la trace du dessaisir.
Pour une polyphonie de la vie quotidienne
(...)
elle l’a fait tourner sur un doigt - il a indiqué le nord
Il a enregistré le bruit des tartines dans sa bouche - à force de rire elle a craché la gorgée de café sur la nappe
ils ont pissé sur la confiscation de la langue crue du corps
ils ont outre-baisé
ils se sont écrit tout ça au crayon à l’eau sur le corps
ils ont nagé jusqu’à effacement de l’écriture
elle l’a bercé quand il était en deuil
il lui a tenu le front quand elle a vomi
(...)
Ecrire le corps
Ecrire ses poèmes sur la peau de quelqu’un d’autre est une pratique poétique pour dire le poème en gardant le silence. A chaque fois qu’il est question de dire certains poèmes à haute voix, me vient à l’esprit de l’écrire sur quelqu’un qui acceptera de le recevoir provisoirement sur sa peau. Sans cet espace vivant, prouvant au moins un désir de le recevoir, le poème ne trouve pas pourquoi se dire.
Ce n’est pas un tatouage, un marquage social, les crayons et peintures utilisés s’effacent sous la douche. Les mots ont eu un hôte provisoire, de même que, lors d’une lecture silencieuse, le poème habite pour un temps l’esprit du lecteur. Cela est-il du body art ? Voici une évocation du body art de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki deux artistes appartenant à la génération venue juste après les artistes corporels, elles ont grandi avec ces mêmes points de référence. Ceci est un extrait de « Corps dissident à l’ère numérique » : « (...) Le corps comme support : bien avant l’art biologique les artistes corporels se sont penchés sur la question du corps comme support pour l’acte "artistique". Mais chez eux ce qui est mis à l’épreuve, c’est le corps de l’artiste même. D’autre part, l’altération par exemple de la matière cutanée par la blessure, telle qu’elle a été pratiquée par les artistes corporels français Gina Pane et Michel Journiac, se référait constamment à la relation de l’individu au social. Le "maquillage sanglant" de Gina Pane ou le triangle gravé par brûlure sur la peau de Michel Journiac, réactivaient des traumatismes collectifs psychosociaux. Ces gestes cruels répercutaient des cruautés subies par la collectivité : le maquillage en tant que gage de soumission des femmes ou le marquage des corps et le triangle signalant les homosexuels dans les camps de concentration nazis. Ces gestes avaient la texture d’un cri. D’un cri parfois comparable en force à celui d’Antonin Artaud, lorsqu’il incorporait la déchirure sociale, tel un suicidé de la société (...) Pour les actionnistes viennois ou les artistes corporels français (...) au centre de l’art corporel se trouve la matière même du corps, cette "viande socialisée" dont aimait parler le théoricien du mouvement, François Pluchart. L’art corporel implique une centralité du corps réel dans le processus langagier. » [4]
Ecrire le poème sur le corps n’est pas du body art. Le corps n’est pas mis en scène, fusse pour imager les castrations et les violences de la société, le corps n’est pas central dans le processus de ce langage là. C’est un processus de création de la rencontre, une pratique qui a sa source dans la vie quotidienne. En cherchant ce que j’appelle plus haut le recommencer, je n’ai pas séparé l’exploration radicale des perceptions d’avec la rencontre de l’autre : renégocier ce qui va de soi, étudier ce qui pose question sans chercher la réponse, rendre possible des rencontres entre ce qui ne s’assemble pas. Jamais un exutoire, ni un confort, ni un « fast food ». Dans la vraie vie, cela commence un jour, au jardin ; on demande à un(e) ami(e) s’il/elle accepte un poème sur sa peau. Les pauses, les repas, l’acte poétique se construisent lentement.
Et dans la vie dite artistique ? Quand on demande « une lecture » de ces poèmes et qu’on propose des volontaires ? Il serait insupportable de le vivre comme un spectacle. Des spectateurs qui regardent une femme qui écrit sur quelqu’un ? La première fois que l’on m’a demandé de faire ce travail en public, je n’ai rien changé à mon état d’esprit malgré l’aspect artificiel de la demande. Toulouse mars 2001 : je laisse choisir aux deux personnes les parties du corps qui peuvent être écrites. Ils ont réfléchi et se sont mis nus. Ils ont lus les textes avant. Il y avait le peignoir qu’on utilise au jardin pour qu’ils s’en couvrent à la fin. Après l’action, nous avons mangé du pain d’épices, la deuxième fois partagé avec toute l’assemblée. Pas une référence néo-biblique ! Plutôt une multi-millénaire attitude de vie quotidienne qui consiste à manger ensemble pour se reconnaître non-ennemi.
La nourriture, l’atmosphère de « travail au jardin » dans des lieux peu propices (cave poésie et salle de fac) ont été source d’émotion et de questions. Les questions avaient autant d’importance que l’acte lui-même : « pourquoi sur le corps ? c’est un acte amoureux ? que sur le corps des hommes ? Que des jeunes ? » Et bien non, c’était indifférent homme ou femme, beau ou laid, jeune ou vieux. N’était pas indifférent la personne qu’il ou qu’elle était. Et si l’élan créateur emprunte l’énergie vitale que le sexe utilise, cela n’est pas à confondre avec l’élan amoureux. Il n’y a pas - à priori - de désir sexuel pour le corps sur lequel on écrit le poème, le désir est celui de la rencontre et de la transmission de langage. Il peut, bien sur, y avoir pour certaines personnes du désir, mais cela se situe alors dans un champs supplémentaire de la rencontre. A Toulouse - on n’échappe pas à sa culture - l’ami organisateur avait trouvé deux jeunes beaux garçons... La crainte d’être dans le contexte du spectacle, que les gens présents soient voyeurs, que les deux jeunes hommes subissent un acte, qu’une violence métaphorique leur soit faite, m’a fait ce jour là ne pas tenir compte du lieu où je me trouvais. Il était préférable d’être en posture de travail pour donner non pas « une interprétation » mais les conditions du travail. A la fin du poème, à chaque fois, j’ai demandé s’ils voulaient écrire la fin du texte sur moi. J’ai enlevé le vêtement et ils ont écrit. En dehors de la vie au jardin, il fallait le proposer pour être sure que la réciprocité puisse avoir éventuellement lieu, qu’elle ne soit pas évacuée par les circonstances, ou nos statuts - supposés et hierarchisés - de créateur et de récepteur de la création.
Créer ce climat là est une gageure dans notre société ou la « distraction » et l’étancheïté à l’autre sont monnaie courante. Le danger est constant que l’intention et l’acte soient ridiculisés ou incompris. Ce qui est écrit sur l’autre est une charge - pas une masse - une charge électrique, un potentiel. Quand après avoir écrit un texte porteur de sens sur quelqu’un, on propose d’être écrit à son tour on prend le risque d’une différence de potentiel. Il faut être prêt de toute façon à se dessaisir. Il arrive - et ce fut le cas à Toulouse - que les personnes accueillant le poème, dépassent la réceptivité et donnent quelque chose d’eux qui revient à une multiplication de l’intensité - un accord au sens musical du terme. Ainsi des circonstances artificielles n’ont pas empêché une création neuve d’émerger.
Le corps, à ce moment là, n’est pas comme dans le body art - fixé par l’acte. Il n’est pas transfiguré non plus. Il est l’hôte d’un désir d’échange, l’hôte d’une parole. Ce jour là, la nourriture, le temps qu’il fait (il n’est pas bon d’avoir froid !), le regard des présents, sont aussi importants que l’acte et le poème. Cet acte vivant peut être « mortalisé » par une photo ou un film, mais même sans trace tangible il restera valide. Les traces sont des supports du souvenir, des objets culturels qui transmettent à la fois plus et moins que l’acte lui-même. Ecrire un poème sur le corps est avant tout de la vie, une expérimentation qui peut rater ou réussir. C’est un rapport à l’autre et au langage qui peut se passer de la domination et s’inscrire dans le dessaisir.

A. Strid - Août 2003
B.
Merci à Danièle Haas et Yolaine Carlier pour leur relecture fertile de ce texte

[1Des extraits de cet article ont parus dans la revue Incidences n°9/10 octobre 2003

[2Voir l’ouvrage de Françoise Héritier : « Masculin/féminin II : dissoudre la hierarchie » éditions Odile Jacob – 2002

[3On employera plus loin les termes « intra-l’être » et « outre-passant-l’être »

[4« Corps dissident à l’ère numérique » - 2002 - publié dans la revue de philosophie slovène Filozofski Vestnik, numéro spécial autour du corps
Voir aussi leur article "Intersexuality and Intermedia, a Manifesto", in The Body Caught in the Intestines of the Computer & beyond. Womens’ Strategies in Media, edited by Marina Grzinic in collaboration with Adele Eisenstein, Ljubljana, Maska, 2000
Voir aussi Jacques Donguy, "Un Méta-Art Corporel. Entretien avec Maria Konaris et Katerina Thomadaki", http://mkangel.cjb.net (page "Textes")