ENCKELL, Marianne. "Fédéralisme et autonomie chez les anarchistes"

fédéralismeENCKELL, Marianne (1944 - ....)

Fédéralisme et autonomie sont des valeurs fondatrices du mouvement anarchiste et des pratiques constantes, par souci de cohérence entre les fins et les moyens. La grande invention des anarchistes et des syndicalistes révolutionnaires a été en effet d’appliquer ces principes dans les organisations mêmes du prolétariat, contre toute structure centraliste ou étatique. Indissociable des autres valeurs – l’entraide, le refus de la domination, la liberté – le fédéralisme caractérise le projet social, territorial et économique de l’anarchisme.

Au cours d’entretiens avec des vieux militants anarchistes espagnols, soixante ans après la révolution de 1936, un étudiant français a découvert combien les notions de solidarité, de fédéralisme et de pouvoir revenaient souvent dans leurs discours. Après avoir étudié le mouvement espagnol de ses débuts à 1939, il pense pouvoir conclure que « la solidarité n’a rien de spécifique au mouvement anarchiste, [pas plus que] le fédéralisme et l’abolition du pouvoir. C’est l’interaction des trois notions qui fait [sa] spécificité » et qui permet « de décrire plus en détail ce qui se joue lorsque l’on parle de respecter ou non l’adéquation entre les moyens et les fins ». La structure en trinôme est souvent pratique pour résumer une pensée ; lisant ces lignes, le parallèle m’a sauté aux yeux avec les trois aspects classiques de la pensée de Proudhon, mutualiste, fédéraliste, anarchiste.
Lire l’article, Réfractions, n°8 (printemps 2002)