GARNIER, Philippe. "Scènes de la violence ordinaire"

jeunes et jeunesseéducationviolenceenfants et enfancecriminalité et délinquanceGARNIER, Philippe (1935-21 juin 2003)

" Panem et circenses (Du pain et du cirque). Pour cela, il faut des gladiateurs et des spectateurs, dans une connivence cachée."

C’est la sortie d’une petite classe, quelque part dans la banlieue sud de Paris : un garçon de 4 ou 5 ans bouscule tout le monde, marche sur les pieds des parents, hurle, lance son sac au loin, sous l’œil admiratif de sa mère. « Il faut bien qu’il se défoule », répond-elle lorsqu’on lui fait des remarques...
Où situer la violence ?
Du côté du système scolaire, diront les uns, en arguant de la compétitivité, des horaires, du pouvoir des maîtres(ses), de la hiérarchie, qui détruiraient la solidarité innée...
Du côté de l’enfant, diront d’autres, en invoquant la (mauvaise) nature, l’ethnie, le respect dû aux adultes, la responsabilité individuelle, le refus d’un apprentissage de la civilité malgré les efforts des parents...
Du côté de la mère, diront enfin les troisièmes : dans son admiration sans bornes pour son enfant-roi, support de ses fantasmes de toute-puissance, voire de ses propres idées de délinquance inavouée, elle serait incapable de dire non et de poser des limites. Mais d’autres encore renchériront en soutenant que dire non, infliger des limites, relève d’une insupportable violence, et que l’enfant, naturellement bon, n’est que le symptôme de la violence de la société : il proteste comme il peut.
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