Pa Kin. "Lettre de LI Pei kan à la C.R.I.A. [Commission des Relations Internationales Anarchistes]", 18 mars 1949

Archives du Centre International de Recherches Anarchistes, Lausanne, Suisse

BAKUNIN, Mihail Aleksandrovič (1814-1876)KROPOTKINE, Petr Alekseevitch (1842-1921) MALATESTA, Errico (1853-1932)Chine : Histoire de l’anarchismeBA JIN (alias Li, Peikan - Pa Kin) (1904- 2005)CRIA (Commission des Relations Internationales Anarchistes) CHIEN-HO, Lu

Cher camarade [1],
J’ai bien reçu ta lettre et j’en remercie. Pardonne-moi pour ma réponse retardée, car je suis très occupé dans ces jours. Mais je t’ai envoyé déjà mes éditions de peinture de Sim et de Castelao sur la révolution espagnole il y a huit jours.
Je ne reçois pas encore les publications que tu m’as envoyées de Paris. Je suis heureux que tu les aies envoyées.
Je reçois régulièrement le journal japonais et aussi la proposition de organiser un congrès pour l’Extrême-Orient. Mais je ne crois pas que le congrès est possible sous les conditions d’aujourd’hui en l’Asie. Premièrement on ne peut pas partir d’ici pour l’étranger sans permission du gouvernement et la correspondance destinée au Japon doit passer à la censure ici et là-bas.
Malheureusement, je ne peux pas te donner des renseignements sur le mouvement anarchiste en Chine, car, à dire vrai, il n’existe pas un tel mouvement en Chine. Ici, je suis tout seul, et je travaille et fait la propagande seulement comme un écrivain. Je fais la rédaction des « Œuvres complètes illustrées de Kropotkine en Chinois » dont les 4 volumes sont déjà parus. Je suis aussi l’éditeur de cette œuvre. Il y a un autre camarade qui a traduit les « Paroles » et qui est traduisant « La science moderne » pour moi mais qui était un anarchiste-Kuomintang.
Lu Chien-Ho est aussi seul en Chengtu, mais avec son frère qui n’est pas un camarade, mais qui est un sympathisant et qui connaît français. Il est indéfatigable à son travail. Mais malheureusement, il publie son journal « Pensée » comme le supplément de quotidien du Kuomintang à Chengtu (le rédacteur du quotidien est son ami personnel), pour ça, on ne lit pas beaucoup. En Fukien, seulement en Fukien, il y a un mouvement libertaire. Il est pas grand, mais il est un mouvement réel. Il existe une école fondée par nos camarades là-bas et on fonde une petite maison d’éditeurs, qui a publié une dizaine de brochures, dans lesquelles on trouve l’article sur l’anarchie de Malatesta traduit par Lu et la première partie de mon « Bakounine ».
Du reste, je vais t’écrire une autre fois.
Avec mes meilleures salutations, je te serre fraternellement la main.
Li Pei Kan.

[1Remerciements à Jean-Jacques Gandini qui nous a transmis cette lettre et, bien évidemment, au CIRA de Lausanne