CUBERO, Jayme.– "Entrevue avec l’anarchiste brésilien Jayme Cubero par Jo Soares". Compte-rendu de Pietro FERRUA.

Brésil.- Histoire de l’anarchismeFERRUA, Pietro (Piero) Michele Stefano (1930 - ....)CUBERO, Jayme

(programme de télévision) Brésil, 1991, 1h.
Animateur bien connu d’un programme de télévision émis à São Paulo et appelé NO DIA A DIA (Au jour le jour), Jo Soares reçoit le militant anarchiste Jayme Cuberos, portant des lunettes, un béret basque et arborant une barbe qui le fait ressembler au Lénine des années ’20. Je me souviens de lui chauve, un point c’est tout, et cet accoutrement peut être une mise en scène délibérée ou des habitudes acquises au cours des quinze années qui nous séparaient de la rencontre précédente, celle des années ’60 et celle de 1992 où je le revis pour la dernière fois.
Le fait qu’il soit décédé depuis cette émission rend encore plus touchant ce témoignage audiovisuel qu’il nous a pour ainsi dire légué. Jo Soares, que je ne connaissais pas autrement, mais dont on peut jauger l’importance par la qualité du programme (après l’anarchiste Cuberos la parole sera donnée à l’écrivain Maria Lúcia Machado, la grande dame de la littérature enfantine au Brésil), du public, de l’accompagnement musical, par ses commentaires sympathiques, pertinents et amusants, tout en posant des questions appropriées.
Cela permet à Cuberos de développer sa conception de l’anarchisme qu’il considère une forme élevée de socialisme, basée sur la décentralisation, l’autonomie et le fédéralisme. A la question de Jo Soares si la récente chute du communisme en Europe va faciliter l’éclosion de l’anarchisme, Cuberos répond affirmativement. Il fait cadeau au présentateur de quelques livres de publication récente, ainsi que d’un échantillonnage de périodiques comprenant O Mutirão, Utopia, Solidaridad Obrera, entre autres. Il ajoute ensuite qu’il y a une extraordinaire renouveau d’intérêt pour la recherche sur l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme brésilien et cite quelques cas de thèses en cours sur ce sujet, ainsi que la préparation d’un symposium-conférence-festival sur ce sujet. Il s’agit d’une rencontre appélée "Outros Quinhentos"qui aura lieu effectivement à l’Université Catholique de São Paulo l’année suivante ( à laquelle j’assistai et où je revis, pour la dernière fois, Jayme Cuberos m’attendant à la descente de l’avion).
La partie sans doute plus originale de l’exposé de Cuberos est son explication des micro-révolutions quotidiennes ayant lieu dans différents domaines, en attendant la révolution grande et définitive. Celle que, désormais, Jayme ne verra plus.
Pietro Ferrua