2001 Gênes. Communiqué des anarchistes de Dijon, 27 juillet 2001

policeGênes (Italie)

A Gênes, le pouvoir tue pour faire taire la colère de la rue !
Ces 19-20-21 juillet s’est déroulé à Gênes le sommet du G8 qui réunit les dirigeants des 8 pays les plus riches de la planète. Ce sommet (tout comme ceux du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OMC…) concentrant les pouvoirs économique et politique aux mains d’une poignée de dirigeants s’inscrit dans le cadre de la mondialisation que l’on veut nous imposer, où les intérêts des plus riches contrôlent et gèrent la vie de l’ensemble de la population mondiale. Ainsi, la globalisation n’est pas qu’une histoire de commerce mais aussi une affaire de pouvoir et de domination. C’est la mise en place d’un monde uniforme sous l’emprise du diktat des banques et des multinationales. Ce processus creuse de plus en plus les inégalités entre les riches et les pauvres au nom du profit et de l’accumulation capitaliste
C’est pourquoi, comme de nombreuses associations, collectifs et individu-e-s venu-e-s manifester à Gênes, nous nous plaçons dans une optique de lutte anticapitaliste plutôt qu’antimondialisation. C’est-à-dire que nous ne croyons pas en des réformes gouvernementales qui viseraient à réguler le capitalisme, système fondé sur l’exploitation et la recherche du profit
Ainsi nous refusons le lobbying et la représentativité dans quelque institution que ce soit, celles-ci n’ayant aucune légitimité à nos yeux. Le but d’un grand nombre de manifestant-e-s est donc bien d’empêcher le déroulement du sommet par l’action directe et la désobéissance civile
Les médias institutionnels (relais des gouvernements) cherchent à diviser le mouvement contestataire entre bon-ne-s manifestant-e-s et méchant-e-s casseuses/eurs. La « casse » est présentée comme étant le fait d’une minorité de vandales agissant de manière irréfléchie. Or elles/ils se sont attaqué-e-s à des multinationales, à des banques, des assurances… pas aux petits commerces de quartier. Cependant, quelques exactions ont été commises en leur nom par la police infiltrée, dans le but de décrédibiliser leur démarche en brouillant le sens politique de leur action
Causer des dommages matériels à des gens qui ne parlent que le langage de l’argent, c’est leur signifier qu’ils ne sont pas intouchables, c’est saboter un centième de leur profits et leur rendre un millième de la violence que leurs activités génèrent. Rappelons que la propriété privée reste un ensemble d’objets inanimés alors que les différents êtres victimes du capitalisme (Sans-terres au Brésil, zapatistes du Chiapas, prisonnier-e-s turc-que-s en lutte, papous, colombien-ne-s ou nigerien-ne-s résistant à l’industrie pétrolière, travailleurs/euses précarisé-e-s, chomeurs/euses ou sans-papiers), sont par contre bien vivant-e-s, leurs souffrances bien réelles. Il nous semble important de souligner que la destruction de biens privés est une tactique parmi d’autres moyens d’actions (blocage pacifique, carnaval festif, construction de barricades, confrontation violente ou non-violente avec la police…). La diversité des modes d’actions est justement ce qui fait la force du mouvement
On reproche à une « minorité de violents » de provoquer des affron-tements avec les forces de l’ordre. Or celles-ci n’ont pas besoin d’une quelconque « casse » pour réprimer violemment les manifestant-e-s
Avant même l’ouverture du sommet, l’état a déployé un système ultra-sécuritaire afin d’empêcher toute contestation : fermeture des frontières, filtrage des individu-e-s, fouilles répétées, création d’une zone interdite autour du lieu du sommet. Durant les trois jours de manifestations, des chars et mitraillettes, des canons à eau, gaz lacrymogènes ont été utilisés par 20000 policier-e-s et militaires
La violence de la répression empire de sommet en sommet. Déjà à Göteborg en juin dernier, un policier avait tiré sur un manifestant à balles réelles, le blessant grièvement. A Gênes, un militant de 23 ans a été assassiné de deux balles dans la tête avant de se faire écraser par le véhicule des carabiniers. A cette mort s’ajoutent plus de 600 blessé-e-s, la plupart matraqué-e-s sauvagement, ainsi que des centaines d’arrestations arbitraires. Le centre de convergence du GSF (Forum Social de Gènes) et de relais des médias alternatifs a même été victime d’une perquisition illégale par la police, qui a aveuglément frappé des gens qui dormaient, puis a confisqué des disques durs, bandes vidéos… avant de détruire le matériel informatique
Pour justifier l’ampleur de la répression, l’Etat et les médias évoquent des « anarchistes », à leurs yeux utopistes délirant-e-s, irrespon-sables et violent-e-s. Or, ce sont précisément l’élimination de la violence de l’organisme social (inégalités, discriminations, oppressions) ainsi que l’abolition des rapports de domination et de toute structure hiérarchisée de la société qui sont visées par les anarchistes
Nos luttes ne sont pas seulement réactionnelles, en confrontation, mais aussi créatives. Elles proposent des alternatives concrètes, mettent en place dès aujourd’hui des structures émanant de la base, solidaires et autogérées (indépendantes des institutions et sans visées commerciales) : échanges de savoir ou de services, coopératives locales, comités de quartiers, occupations de locaux vides, création de lieux de vie et d’activités, édition alternative de brochures et de musiques…
Le mercredi 25 juillet 2001, nous avons occupé le consulat d’Italie de Dijon pour faire part de notre colère et forcer l’Etat italien à entendre nos revendications.
Nous tenons à affirmer notre solidarité avec TOU-TE-S les manifestant-e-s, invariablement victimes de la répression policière
Nous dénonçons l’instrumentalisation et la criminalisation des « anarchistes » par le pouvoir pour justifier ses exactions et diviser le mouvement avec l’aide des médias institutionnels
Nous exigeons la libération immédiate de tou-te-s les manifestant-e-s interpellé-e-s et l’abandon des poursuites à leur encontre
Des anarchistes