FURTH, René. "La difficile reconnaissance des ethnies françaises"

fédéralismeFrance. 21e sièclePopulation. EthnieFURTH, René : voir FUGLER, René FUGLER, René(1934 - ....)

« Le fédéralisme et la superstition parlent bas breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. » Barère, Rapport du comité de Salut public sur les idiomes "
Michel de Certeau, Dominique Julia, Jacques Revel, Une politique de la langue. La Révolution française et les patois, Gallimard, 1975.

Quand on déplace la question du fédéralisme au-delà des schémas juridiques et économiques vers le domaine du vécu, de la sensibilité, de l’adhésion psychologique, on réalise vite que l’idée fédéraliste ne parvient pas vraiment à prendre consistance chez les libertaires français. On ne rencontre rien qui ressemblerait à un sentiment fédéraliste. Ce qui se présente par contre, ce sont des zones obscures de résistance, de dénégation et de malentendu, tramées à la fois par la mémoire de luttes passionnées, les sédiments de l’éducation et l’attachement exclusif et viscéral aux sonorités et prestiges d’une langue privilégiée.
Imaginer un instant la France comme une fédération de « pays », de régions se présentant dans leur altérité, leur particularité culturelle et peut-être psychologique, apparaît comme une aberration. Il suffit pourtant de se promener un peu, d’ouvrir les yeux sur les maisons et les paysages, d’ouvrir les oreilles aux parlers et aux accents, d’ajouter un peu de culture et de fantaisie pour percevoir les différences. En creusant un tant soit peu, on arrive au constat que ce qui n’est pas compris, c’est la réalité culturelle, que ce qui n’est pas admis, c’est l’idée d’une culture commune qui imprègne les individus d’un « pays », qui oriente, stimule ou réfrène leur développement.