HENRIETTE JEANNE HUMBERT-RIGAUDIN (1890-1986)

HUMBERT, Jeanne.- Archives. (1) Lettre-préface de Roger-Henri Guerrand.

HUMBERT, Jeanne (1890-1986)MALTHUS, Robert Thomas (1766-1834)GUERRAND, Roger-Henri

Tiny de Boer,
Amsterdam, 1993

Voir aussi la
présentation de Francis Ronsin, avec l’aide d’Isabelle Ubeda

Lettre-préface de Roger-Henri Guerrand

Les institutions gouvernementales manifestent un souci maniaque de leurs archives, y compris celles des services secrets. Pendant la période révolutionnaire, les espions de "Pitt et Cobourg" opérant en France devaient rendre des comptes précis : ils ont été révélés à la veille de 1939.
Semblable préoccupation n’a jamais été de mise dans les différents groupements du monde ouvrier en position de contestataires de l’ordre établi. Obligés, à cause des tracasseries policières, de laisser le minimum de traces écrites, ils ne pouvaient prendre le risque -sauf le parti communiste mais celui-ci s’est doté très tôt d’un appareil clandestin- de constituer des séries complètes de documents concernant leur action. Conséquence inévitable de cet esprit, certaines de leurs publications, bien que légales, sont aujourd’hui lacunaires ou ont entièrement disparu.
Rares aussi furent les militants de premier plan qui eurent pour eux-mêmes des intentions archivistiques. Leur sécurité personnelle dépendait souvent du résultat de perquisitions faites chez eux. Celles-ci n’ont pas été épargnées à Jeanne Humbert combattant en permanence dans les tranchées avancées du front révolutionnaire.
Or elle a pourtant pensé à garder précieusement lettres, journaux, brochures, affiches, tracts, etc... qui lui étaient adressés ou parvenaient entre ses mains des différents milieux qu’elle côtoyait : sa réputation militante y fut très vite établie.
De là, l’importance extrême de ce fonds qui dépasse largement le cadre du mouvement néo-malthusien. La plupart des organisations hostiles au pouvoir en place -de droite ou de gauche car Jeanne Humbert n’a jamais ménagé ses amis politiques- l’ont accueillie sans réserves : durant l’entre-deux guerres, elle fut la propagandiste passionnée, présente dans la France entière, de tous les aspects d’un idéal socialiste sans oeillères dogmatiques.
Jeanne Humbert a donc été une militante de l’émancipation humaine et non seulement celle de l’émancipation sexuelle à laquelle son nom reste attaché. Elle est certainement la femme du 20ème siècle qui a le mieux représenté, au cours de sa longue vie et sans aucun renoncement, un humanisme complet et surtout lucide, qualité exceptionnelle chez les tenants des utopies révolutionnaires...
Roger-Henri Guerrand
Cliquer ici pour lire la suite : Présentation de Francis Ronsin, avec l’aide d’Isabelle Ubeda