QUILLARD, Pierre. L’Anarchie par la littérature

* bibliographieQUILLARD, Pierre (1864-1912)

Illustrateur : Félix Vallotton. Paris (21 rue de l’Evangile, 75018) : Ed. du Fourneau (Collection Noire, 3), 1993. 13 p. : portr. ; 19 cm .

PP. 11-12 :
"la bonne littérature est une forme éminente de la propagande par le fait.
Et que l’on ne se méprenne point : je n’opppose pas ici, selon une assez ridicule tradition, les "ouvriers de plume" aux travailleurs de la mine, de la glèbe ou de l’atelier, ni demander au moins des circonstances atténuantes en faveur de ceux qui combattent directement, par le drame, le roman, la polémique économique et sociale contre l’ordre établi : il va de soi qu’un livre comme Sébastien Rochet et comme l’Abbé Jules contribue d’une manière apparente et indubitable à ruiner la superstitition de la loi, du sacerdoce, de la patrie, de la famille et de la propriété. De même quand Saint-Ambroise écrit :

"C’était un riche aussi qui fit apporter à sa table la tête du prophète pauvre : il n’avait point trouvé pour la danseuse d’autre salaire que d’ordonner la mort d’un pauvre" [1]

Non, ce serait tricher que de mettre en usage des arguments aussi grossiers et toute oeuvre, fulminât-elle l’anathème contre les jours futurs, qui atteste quelque grandeur et quelque noblesse, uniquement parce qu’elle existe, détruit, quand on les confronte avec elles, les médiocres mensonges par où subsiste l’autorité des gouvernements. Il n’y a pas d’affirmation de la liberté individuelle plus héroïque que celle-ci : créer en vue de l’éternité, au mépris de toute réticence et de tout sacrifice aux préoccupations des contingences transitoires, une forme nouvelle de la beauté."

[1Liber de Nabuthe Jezraelitha, cap. V.