Texte intégral publié par les éditions CNT-RP en 1999

MINTZ, Frank. Autogestion et anarcho-syndicalisme

Analyses et critiques sur l’Espagne 1931-1990

MINTZ, Frank (1941-....) ; pseud. Martin ZEMLIAKsyndicalisme : anarchosyndicalismeEspagne : 20e siècleautogestion

Quand je lisais des descriptions de kolkhozes et de communes chinoises, j’avais l’impression de lire des descriptions naïves ou des mélanges de vérités et de mensonges. Mais en lisant les évocations des collectifs libertaires espagnoles chez Leval ou Peirats, j’éprouvais le même sentiment. Ces auteurs sont tellement convaincus qu’ils oublient de démontrer systématiquement les progrès économiques.

En 1963, j’ai choisi de commencer une étude universitaire sur ce sujet, pour chercher la vérité, quelle qu’elle soit, en insistant sur la formation (manipulée, commandée ou volontaire) et sur la description économique (stagnation, progrès ou baisse) des collectivités espagnoles durant la guerre civile. Me situant dans une optique résolument critique, j’ai écarté tout triomphalisme dans les estimations chiffrées et les descriptions des contradictions éventuelles entre la théorie et la pratique.
J’ai eu la chance de trouver assez de documents pour prouver la viabilité de l’autogestion révolutionnaire en Espagne, appliquée pas seulement par des anarcho-syndicalistes, mais des syndicalistes socialistes et des personnes sans étiquettes politiques. J’ai également interrogé un certain nombre de camarades espagnols, qui participèrent concrètement à l’expérience révolutionnaire, dont les textes sont reproduits ici. Je n’ai jamais recherché le contact avec les camarades ex ministres anarchistes, certain que leur attitude prouvait un évident éloignement des réalités théoriques et pratiques de l’autogestion révolutionnaire.
Les historiens de la guerre civile, dans le domaine de l’autogestion ou dans d’autres et de quelque bord qu’ils soient, n’ont pas démontré d’erreurs importantes depuis que j’ai publié (1969 et 1975 en France, et 1976 en Espagne). D’un point de vue technique, le texte espagnol est le plus complet. J’ai donc réduit au maximum les notes de cette édition.
La transition espagnole, vu sa nature, a étouffé l’intérêt pour le passé. Les études monographiques et régionales, indispensables pour nuancer ou corriger la vision d’ensemble que j’ai élaborée, sont parues au compte-goutte. Je retrace brièvement cette évolution du le franquisme et l’après-franquisme, ou transition démocratique, ainsi que celle du mouvement anarcho-syndicaliste espagnol, qui explique l’effacement en Espagne de l’idée de l’autogestion révolutionnaire.
Soixante après le début de la guerre d’Espagne, et face à l’arrogance du capitalisme, il me semble utile de reprendre ces faits parce qu’on n’étudie le passé que par rapport à un présent que l’on voudrait meilleur, et surtout pour un futur constructif. Les tentatives et les réalisations économiques autogérées sont un apport indispensable pour établir une société égalitaire..