Lettre de Xavier

Société. Classes socialesextrême-droiteCOLEMAN, Yvespolémique, controverse

Textes précédents du débat
1. COLEMAN, Yves. "La farce de la ’victoire’ du non".
Du nationalisme des partis bourgeois de gauche et des manœuvres politiciennes de l’extrême gauche, trotskyste et libertaire

2. COLEMAN, Yves. Quelques précisions à propos de "La triste farce de la ’victoire’ du non"

« (…). Mais en effet, le texte manque de perspectives. D’autre part je suis en désaccord avec sa logique globale de sous-estimer l’impact de la victoire du Non, et de tous les débats politiques qui ont été générés pendant la campagne et encore maintenant.
Par exemple, Y.C. avance que le Non a été principalement chauvin, sous le prétexte que les forces politiciennes qui l’ont soutenu étaient chauvines ou avaient des illusions sur l’Etat (ce avec quoi je suis d’accord), alors que le rejet populaire de l’Europe proposée a eu avant tout pour origine le ras-le-bol vis-à-vis des politiques “libérales” (c’est-à-dire capitalistes, mais pas consciemment vues comme telles) dont nous sommes victimes. Ainsi, Y.C. surestime le vote explicitement nationaliste des partisans de l’extrême droite, ou des anti-Turquie, alors que dans les débats populaires (je ne parle pas ici des réunions organisées par les forces politiques de gauche et d’extrême gauche, mais des débats informels dans les lieux de travail) n’ont été que très minoritairement marqués (et encore moins dirigés) par ces tendances ultra-réactionnaires. Le sondage Ipsos (certes à prendre avec des pincettes) dont il a été fait publicité sur les réseaux confirme cela.
Ce sondage confirme aussi à quel point le Non a été un vote de classe. Dans les usines, la maîtrise et les cadres votaient majoritairement Oui et les ouvriers votaient Non. Le 30 mai, les premiers baissaient la tête et faisaient grise mine, alors que les ouvriers étaient joyeux de leur victoire (certes uniquement électorale). Ainsi Y.C. sous-estime aussi la défaite que le référendum constitue pour les élites dirigeantes, c’est-à-dire le “camp du Capital”, comme dirait Marx, la “bourgeoisie”. Or, qui dit défaite des capitalistes, ne dit-il pas victoire de la classe ouvrière, des travailleurs et chômeurs en général, et aussi d’une partie des classes moyennes qui s’affranchissent de plus en plus des illusions à l’égard du système socio-économique dans lequel nous vivons ?
Mais l’attitude de Y.C. est probablement due à sa nostalgie (légitime à mes yeux) des époques où le mouvement révolutionnaire était plus développé. Aujourd’hui on part de loin, et le progrès dans la conscience politique de la population est bien sûr limité. Cette nostalgie empêche ainsi Y.C. de qualifier de victoire ce qui est encore si loin du mouvement révolutionnaire auquel il aspire. Pourtant cet aveuglement risque de conduire à la paralysie. Si on ne voit pas le rapprochement actuel d’une partie de la population des idées révolutionnaires, on ne peut pas y participer, l’encourager...
(…) Quant aux perspectives, j’en ai déjà parlé, je pense qu’il faut non seulement débattre, discuter, mais aussi agir en s’investissant dans le militantisme au sein des organisations d’extrême gauche. Même si c’est chez la LCR ou LO, ou les anars (voire Attac, PC... qui sont de gauche mais pas d’extrême gauche), auxquels je porterai pour ma part des critiques similaires à celles de Y.C.. Cela serait déjà aller dans le sens d’une conscience politique plus grande, de façon concrète, et rompant clairement avec l’attentisme.
Bonne lutte à tous !
Xavier ».

Suite du débat
4. COLEMAN, Yves. Réponse à Xavier
5. Lettre de Julien sur la victoire du "non"
6. DAVRANCHE, Guillaume. Réponse à Yves Coleman
7. COLEMAN, Yves. Bref commentaire sur les procédés d’un plumitif « libertaire »
8. Temps critiques Quelques remarques sur « La farce de la victoire du non »
9. COLEMAN, Yves. Réponse à Temps critiques : malentendus et désaccords