Décembre 95 : Alternative libertaire dans la lutte

France.- 5e République (1959-....)grèveSUDAlternative libertaire (Organisation)DAVRANCHE, GuillaumeDAVRANCHE, Guillaume

Six mois avant les grèves, le IIIe congrès d’AL, en banlieue de Caen, avait analysé l’identité de cette « gauche de la rue » (gauches syndicales, DAL, AC ! et autres nouveaux mouvements sociaux) déjà sensible avant Décembre 95, et défini une orientation de « Front social de l’Égalité et de la Solidarité ». Cette orientation allait servir de boussole à l’ensemble de l’organisation pendant ces quelques semaines où l’activité d’AL s’est confondue avec le mouvement.

Tout débuta sur les campus, les militant(e)s étudiant(e)s d’AL étant pour la plupart actifs dans la gauche de l’Unef (à l’époque il n’existait que l’Unef inféodée au PCF, l’Unef-ID inféodée au PS, et la CNT-FAU). Ce fut d’ailleurs le « baptême du feu » pour un certain nombre de jeunes militant(e)s qui avaient rejoint AL dans la foulée des luttes contre le Smic-Jeunes en 1994.
Puis, lorsque le mouvement démarra dans les entreprises, l’activité passa un ou deux crans au-dessus. Dans le minuscule local qu’AL occupait alors rue des Haies à Paris, le fax ne cessait de crépiter et le téléphone de sonner – pas d’Internet à l’époque pour échanger rapidement les informations. Le duplicopieur tournait à plein régime, débitant des cartons entiers de tracts. L’organisation sortit plusieurs tracts nationaux durant le mouvement dont un, qui titrait « Une seule solution, l’autogestion », eut un certain succès. Une souscription fut lancée pour soutenir l’activité, les périodes de grèves étant souvent celles où les cotisations remontent moins bien !
Mais là où les militant(e)s déployèrent le plus d’énergie, ce fut dans les grèves à la SNCF, aux PTT, dans les transports aériens et dans l’Éducation nationale. Essentiellement actif(ve)s dans la gauche CFDT, ce n’est un secret pour personne que les camarades d’AL seront moteur dans l’impulsion des syndicats SUD qui se créeront dans ces secteurs, et dans les facs, début 1996. Alternative libertaire sera d’ailleurs le seul courant révolutionnaire à s’enthousiasmer pour le développement du syndicalisme alternatif, combattu à l’époque par LO et la LCR – ils s’adapteront quelques années plus tard.


Cet article s’intègre dans un dossier spécial d’Alternative libertaire de décembre 2005 :