Avant-Propos

BAKUNIN, Mihail Aleksandrovič (1814-1876)LAMARCK, Jean-Baptiste de Monet de (1744-1829)

« L’homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l’avenir et pour ses semblables, semble travailler à l’anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce. En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité du moment, il amène rapidement à la stérilité ce sol qu’il habite, donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties du globe, autrefois très fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant nues, stériles, inhabitables et désertes. Négligeant toujours les conseils de l’expérience pour s’abandonner à ses passions, il est perpétuellement en guerre avec ses semblables, et les détruit de toutes parts et sous tous prétextes, en sorte qu’on voit ses populations, autrefois considérables, s’appauvrir de plus en plus. On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable. »
Jean-Baptiste de Monet de Lamarck (1744-1829), Système analytique, 1830
"une fois notre planète détruite — et elle ne peut manquer d’être détruite ou de se détruire tôt ou tard par son propre développement, toute chose qui a eu un commencement devant nécessairement avoir une fin — une fois que notre planète se sera décomposée et dissoute, pour servir sans doute d’élément à quelque formation nouvelle dans le système de l’univers, le seul réellement éternel, qui sait ce qu’il adviendra de tout notre développement humain ? Pourtant, comme le moment de cette dissolution est immensément éloigné de nous, nous pouvons bien considérer relativement à la vie humaine si courte, l’humanité comme éternelle. Mais ce fait même de l’humanité progressive n’est réel et vivant qu’en tant qu’il se manifeste et se réalise en des temps déterminés, en des lieux déterminés, en des hommes réellement vivants, et non dans son idée générale."
Bakounine, "Dieu et l’Etat"