Repères chronologiques

1934-1939 : de l’enthousiasme à la désillusion


Une chronologie complémentaire de l’article « Les Anarchistes et le Front populaire » paru dans Alternative libertaire n°153 (été 2006).


L’euphorie antifasciste unitaire

6 février 1934 : Manifestation sanglante des ligues d’extrême droite.
9 février 1934 : Manifestation antifasciste et anti-SFIO du PCF : 6 morts.
12 février 1934 : Grève générale et manifestation monstre sur le Cours de Vincennes, avec la CGT, la SFIO, l’UACR, la CGT-SR, le PCF, la CGTU. 100.000 personnes scandent « Unité d’action ! Unité d’action ! »
20-21 mai 1934 : Congrès anarchiste dit de « l’Unité » sous les auspices de l’antifascisme. L’UACR se rebaptise Union anarchiste (UA). Une fraction intransigeante des communistes libertaires ne le tolère pas et forme la Fédération communiste libertaire (FCL).
11 juin 1934 : « Armistice » PCF-SFIO.
27 juillet 1934 : Pacte d’unité d’action PCF-SFIO, essentiellement antifasciste.
10 octobre 1934 : Première utilisation du terme « Front populaire » dans L’Humanité. Le PCF propose à la SFIO d’étendre le pacte d’unité d’action au Parti radical (centre républicain).

Le tournant stalino-patriote

2 mai 1935 : Pacte Laval-Staline d’assistance mutuelle franco-soviétique. Virage patriote du PCF.
14 juin 1935 : Débuts des pourparlers de réunification CGT-CGTU.
14 juillet 1935 : Grande kermesse républicaine : 500.000 manifestant(e)s dans toute la France pour le Front populaire, drapeaux rouges et drapeaux tricolores mêlés.
5-9 août 1935 : Grèves sanglantes dans les arsenaux de Brest et Toulon, condamnée par PCF, SFIO et Parti radical.
Août 1935 : Le VIIe Congrès du Komintern abandonne officiellement la stratégie « classe contre classe » et officialise la stratégie de « Front populaire » (alliance communistes -socialistes-républicains) contre le fascisme.

La dissociation des révolutionnaires

Septembre 1935 : Au sein de la SFIO, naissance de la Gauche révolutionnaire, avec Marceau Pivert.
Décembre 1935 : Sébastien Faure dans Le Libertaire : « Le Front populaire est mort […]. Tant mieux. De profundis. »
10 janvier 1936 : Publication du programme électoral - plus que modéré - du Front populaire.
2-5 mars 1936 : Au congrès de Toulouse, réunification de la CGT et de la CGTU.
12-13 avril 1936 : Congrès de l’UA, qui dénonce dans le Front populaire une coalition interclassiste, patriote et républicaine. Définition de la stratégie de « Front révolutionnaire ».
5 mai 1936 : Victoire du Front populaire aux législatives.

La vague de grèves

11 mai 1936 : Début des grèves avec occupation dans les usines. Le mouvement s’étend bientôt à toute la France et va durer près d’un mois.
15 mai 1936 : La FCL réintègre l’UA.
7 juin 1936 : Signature des accords de Matignon entre le patronat, la CGT et le gouvernement.
11 juin 1936 : Le secrétaire général du PCF, Maurice Thorez, soutient qu’« il faut savoir terminer une grève ».

Épilogue

18 juillet 1936 : Espagne : soulèvement des troupes nationalistes, début de la Guerre civile et de la Révolution espagnole.
7 août 1936 : Léon Blum décide de la politique de non-intervention en Espagne.
15-16 août 1936 : Au congrès de Toulouse, les intransigeants scissionnent de l’UA et constituent une Fédération anarchiste de langue française (FAF).
26 septembre 1936 : En Espagne, la CNT occupe trois postes dans le gouvernement catalan.
4 novembre 1936 : Quatre ministres CNT entrent dans le gouvernement républicain espagnol. L’UA tait ses critiques. La FAF proteste publiquement.
Décembre 1936 : Vote par le Front populaire de la loi sur « l’arbitrage obligatoire », réglementant le droit de grève.
1er novembre 1937 : Au congrès de l’UA, les groupes anarchistes d’entreprise n’obtiennent pas le droit de vote. Départ des anciens de la FCL.
Janvier 1938 : Premier numéro du Réveil syndicaliste, organe du Cercle syndicaliste lutte de classe.
Juin 1938 : Scission de la Gauche révolutionnaire de la SFIO et fondation du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) avec Marceau Pivert et Daniel Guérin.