SCHOENTJES, P. "Ironie et anarchie : De l’éthique à l’esthétique’

* bibliographieLittérature. Ironie

Revue d’histoire littéraire de la France (1999) 99 (3) pp.485-497, 560.

A postériori, la page finale des "Confessions d’un révolutionnaire" de Joseph Proudhon ne peut se comprendre qu’à condition de saisir les liens de parenté qui existent depuis un siècle et demi entre ironistes et anarchistes ; de comprendre, en d’autres termes, comment les philosophies, les éthiques et les esthétiques de ces deux héritiers du romantisme ont pu se rencontrer. L’individualisme, le sentiment de supériorité, le besoin de liberté absolu, de même que la conscience des contraires sont, à ne pas en douter, des sentiments et des aspirations que l’anarchiste partage avec l’ironiste. Mais, au-dela de ces raisons psychologiques et à un niveau plus fondamental, il apparaît que les uns comme les autres accordent à la langue un rôle central dans la recherche de la Liberté. L’A. s’efforce de le vérifier ici par l’étude de quelques moments privilégiés : la naissance du concept d’anarchisme chez Proudhon, l’ironisme du symboliste Léon Wery et, plus près de nous, le "Manifeste" de Hadrien Razy. Le rapprochement de ces figures emblématiques - auxquelles viendront se joindre Fr. Schlegel et M. Stirner - permettra de mieux comprendre comment une nouvelle conception du sens, qui sera celle de la modernité, a pu se mettre en place.