ROCKER, Rudolf. Nationalisme et culture

ROCKER, Rudolf (1873-1958)nationalisme* bibliographie

Paris : CNT (33,rue des Vignoles,75020 Paris) ; 2008. ISBN 978-2-914980-69-2.

Né en 1873 à Mayence, une ville séduite par les idéaux
de la Révolution française, Rudolf Rocker fut attiré un
temps par la social-démocratie avant de s’orienter vers
l’anarchisme. Contraint de quitter l’Allemagne, il se réfugia à
Paris puis à Londres, où il continua d’exercer sa profession de
relieur et fréquenta le groupe d’anarchistes juifs qui éditait la
revue Arbayter Fraynd. Il revint en Allemagne après l’armistice
et, fin 1922-début 1923, participa à la fondation de l’AIT, dont il
allait assurer le secrétariat. En mars 1933, peu après l’incendie
du Reichstag, il quitte à nouveau son pays natal, définitivement
cette fois-ci. Expatrié aux États-Unis, il collabore aux activités
du cercle d’ouvriers regroupés autour de la revue Fraye Arbayter
Shtimeet
, sitôt commencée la guerre d’Espagne, fait œuvre de
solidarité avec ses compagnons espagnols, en rédigeant les
brochures The Truth about Spain et The Tragedy of Spain, et en
donnant de multiples conférences sur tout le territoire nord-
américain. Après la Seconde Guerre mondiale, il se détache peu
à peu de la perspective anarcho-syndicaliste et de la
« vision prolétarienne du monde » au profit d’une sorte de libéralisme radical.
Mort en 1958, près de New York, il laisse une
œuvre importante dans laquelle deux livres brillent d’un éclat
tout particulier : ses Mémoires qui, en quelque 1500 pages,
retracent une trajectoire personnelle qui est aussi celle de
l’anarcho-syndicalisme de la première partie du XXe siècle, et son
grand ouvrage théorique, Nationalisme et culture, que Bertrand
Russell salua comme une « importante contribution à la pensée
politique », en louant « sa brillante critique du culte de l’État
[...] la superstition dominante et la plus nocive de notre temps ».
Fruit d’un très long travail achevé à la veille de l’incendie du
Reichstag, le livre ne serait publié dans sa langue d’origine qu’en
1949, soit bien après les versions en espagnol et en anglais. Il
aura fallu beaucoup plus de temps pour que ce grand livre soit
enfin disponible en langue française, publié sous les auspices des
Éditions CNT-RPet des Éditions Libertaires. Voici donc réparée
l’injustice dont a été victime en France celui qui fut une des têtes
les mieux faites du mouvement anarcho-syndicaliste, et c’est
avec un grand plaisir ?et une grande fierté ? que nous mettons
enfin à la disposition des lecteurs français une des œuvres les
plus précieuses de la pensée libertaire du siècle passé, servie par
le rigoureux travail de Jacqueline Soubrier-Dumonteil, qui s’était
chargée de la version française de La Tragédie de l’Espagne.