ROSS, Stéphanie. "Les implications stratégiques de l’antiétatisme au sein du mouvement international de justice"

État et étatisme* bibliographie

TRAVAIL, capital et société 41:1 (2008)

Résumé de l’auteur

Malgré le caractère diffus et varié du mouvement
international de justice, les essais de formes démocratiques
« nouvelles » ou récupérées en sont un élément commun
important. Puisque les états néolibéraux, limités par les
prérogatives du capital mondial, n’offrent qu’une version
atrophiée de la démocratie, les tentatives de réinventer des
pratiques démocratiques radicalement égalitaires, décentralisées
et participatives ne peuvent surprendre. Toutefois, des
hypothèses anarchistes et post-modernes omniprésentes ont
également donné naissance à un « antiétatisme », c.-à-d. au rejet
de la possibilité que le pouvoir de l’État puisse servir aux forces
progressives pour créer d’autres options que le capitalisme.
Dans cet article, j’explore les racines théoriques de
l’antiétatisme, et j’identifie ce mouvement à une compréhension
appauvrie et monolithique de l’État, doublée d’une vision
romantique de la société civile en tant que zone de liberté et
d’autonomie, et menant à l’adoption de formes de résistance
facilement marginalisées. Pour le démontrer j’examine quelques-unes
des sources contemporaines les plus influentes de cette
tendance : le mouvement du Forum social et les mouvements
autonomistes post-2001 en Argentine.
Pour conclure, à l’aide
d’indications tirées des théories gramscienne et néo-marxiste, je
soutiens qu’abandonner l’État comme terrain de lutte permet au
capital de continuer à exploiter celui-ci sans entraves, renforce le
mantra néolibéral que l’État ne devrait pas servir à assujettir le
marché à des valeurs sociales, et élimine la possibilité de créer
un projet politique anti-hégémonique unifié, soutenu et efficace.