PACO. Pieds-Noirs « repliés » en France ou sur eux-mêmes ?

Afrique : Algérie – Guerre d’Algérie (1954-1962) PACO

Loin d’appartenir à un bloc religieux, géographique et politique homogène, les Pieds-Noirs sont le fruit de plusieurs migrations européennes vers l’Algérie. Les raisons de ces déplacements sont militaires, politiques, économiques.
Les premiers européens, des militaires français, arrivèrent en Algérie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Suivirent des opposants politiques (républicains de 1848, exilés d’après le coup d’État de Napoléon III, Communards de 1871, Lorrains et Alsaciens fuyant leur annexion à l’Allemagne, républicains espagnols fuyant Franco...) et des immigrés économiques qui venaient s’établir sur cette nouvelle terre conquise par l’armée française.

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Parce qu’ils sont rarement mis en avant, saluons les témoignages de deux militants anarchistes Pieds-Noirs. Preuve que le couple Pied-Noir/OAS n’est pas une fatalité ! L’un, Miguel, fils d’un réfugié CNT-FAI espagnol, voyait d’un bon œil la rébellion algérienne contre le pouvoir colonial, mais n’envisageait pas de remplacer le propriétaire français par son homologue algérien. La religion et le recours au terrorisme creusaient aussi un fossé entre les anars espagnols et le FLN. S’ils n’adhéraient pas au mouvement insurrectionnel, les militants du Mouvement libertaire en exil opposaient néanmoins une résistance active aux agissements criminels de l’OAS.
Le second militant libertaire, Edward, avait 16 ans en 1962. Pour lui, le monde n’était pas partagé entre Français et Arabes, entre Pieds-Noirs et Patos, mais entre riches et pauvres, entre patrons et ouvriers. Il dénonce le ressentiment pied-noir qui rejette toujours la faute sur les gaullistes, les communistes, les Arabes… « Ils auraient dû tout mettre en œuvre afin de trouver ensemble, Français d’Algérie et Arabes, les solutions pour parvenir à vivre en harmonie, en autonomie, en autogestion, loin des schémas politiciens en provenance de métropole. À ce moment clef de leur Histoire, les Pieds-Noirs n’ont pas su se comporter en adultes, en êtres responsables. Il y a du reste de leur part, encore aujourd’hui, un véritable manque de réflexion sur leur situation actuelle. »