Par La Singette Missdinguett

Boris Vian « le doux anarchiste »

VIAN, Boris (1920-1959). Auteur, interprète* bibliographie

Quarante ans après, on se remet / mort sur le vif Boris Vian. Puisque que « Mais finalement Vi-an est en vie aujourd’hui », selon Emma Baus qui ne tire pas le filon à elle, étant donné que sa biographie date de 2002. Elle opère autour du personnage anarchiste à l’attitude « apolitique » et foutrement dérangeant. Comme il se devait d’être selon sa militance de l’anticonformisme, la dérision poétique toujours de mise dans l’art de la fête et la joie de vivre des corps et des esprits libres.

Oui, je sais, ça fait désordre dans le décorum des pensums : anarchiste et « apolitique », d’autant plus pour un artiste libre et multiforme qui refusait d’être enfermé dans aucun carcan ! Revenons en au contexte dans le texte et les propos de son « Oursi Ourson Ourzoula » alias Ursula Vian-Kübler, son dernier grand amour : « Boris avait l’espoir que l’humanité deviendrait sage par le progrès. Il voulait combattre avec les armes de l’intellect non la kalachnikov, je l’appelais le doux anarchiste. (…) Je pense comme Boris que l’important c’et le non conformisme. On peut inventer une autre vie par une lutte de tous les jours ». (page 77)
Anarchiste, certainement mais seulement anarchiste individualiste : « Aussi Vian ne peut être affilié à un courant précis ; si ses idées le rapprochent des anarchistes, c’est uniquement des individualistes, de ceux qui ne peuvent supporter qu’on leur dicte une forme de pensée, aussi libre soit-elle ». (page 93). Merci Emma, je n’aurai jamais pu le dire aussi bien !
Quant au sens de son « apolitisme », j’y viens avec Emma qui fait référence à Daniel Guérin, historien auteur de « L’Anarchisme » : « Comme un nombre considérable d’anarchistes, Vian s’est installé dans un curieux « apolitisme révolutionnaire » relève Michel Gauthier. Ce terme était utilisé durant la guerre civile pour qualifier les anarchistes espagnols qui selon Daniel Guérin voulaient « une révolution apolitique ». L’anarchisme espagnol, depuis des dizaines d’années, n’avait cessé de mettre en garde le peuple contre les duperies de la « politique », de lui vanter la primauté de l’ « économique », de le détourner d’une révolution bourgeoise démocratique afin de l’entraîner, par l’action directe, à la révolution sociale. A l’orée de la Révolution, les anarchistes raisonnaient à peu près ainsi : que les politiciens fassent ce qu’ils veulent ; nous les « apolitiques », nous mettrons la main sur l’économie ». (page 10)

Boris Vian, Un jour il y aura autre chose que le jour d’Emma Baus, éditions L’esprit frappeur, 151 pages, 2002

La Singette Misdinguette est l’auteure de plusieurs articles sur Boris Vian.