BERTHIER, René.- « Sur l’Alliance syndicaliste. À propos de la brochure "La CFDT et le syndicalisme révolutionnaire" »

syndicalisme : syndicalisme révolutionnaireBERTHIER, René (Shanghai, Chine 7/12/1946 - )

Je dédie ce travail à mon vieil et irremplaçable ami, aujourd’hui disparu, Jacky Toublet, qui m’a embringué dans cette affaire.
J’AI TROUVE au Forum social libertaire un document intitulé « La CFDT et le syndicalisme révolutionnaire (1968-2000) », sans nom d’auteur, en quatre petites brochures publiées par le Courant syndicaliste révolutionnaire 1 .
Ce document, qui m’a replongé dans l’ambiance du début des années 70, à l’époque où j’avais 25 ans, est tout à fait intéressant. Il y est souvent fait mention de l’Alliance syndicaliste ; or il se trouve que j’ai participé, avec quelques copains, aux tout débuts de ce groupe, qui est souvent mentionné dans le texte. J’ai vécu et été témoin de la plupart des événements qui sont évoqués, et d’autres, qui ne le sont pas. Cependant, je ferai, sur la brochure, un commentaire un peu critique. L’optique de l’auteur sur le syndicalisme révolutionnaire est un peu dogmatique.
1. L’auteur parle du syndicalisme révolutionnaire dans l’abstrait, d’un syndicalisme révolutionnaire un peu idyllique, mais à chaque fois qu’il parle d’une activité concrète qualifiée par lui de « syndicaliste révolutionnaire », il parle, sans peut-être le savoir, de l’Alliance syndicaliste (Alliance syndicaliste révolutionnaire et anarcho-syndicaliste, de son vrai nom). L’Alliance était en réalité une organisation anarcho-syndicaliste dont l’origine était fortement ancrée dans le mouvement libertaire.
2. Son discours apologétique sur un syndicalisme révolutionnaire mythique cache mal un regret évident concernant les racines libertaires de l’Alliance syndicaliste, dont les échecs ou les carences, parfois réelles mais souvent supposées, sont explicitement ou implicitement attribués à ces racines libertaires, alors même que sans ces racines libertaires il n’y aurait pas eu d’Alliance syndicaliste et donc pratiquement rien à dire sur l’activité « SR » dans la CFDT.
Un autre commentaire : les militants qui ont fait vivre l’Alliance étaient certes jeunes. Mais par « jeune » je n’entends pas 17-20 ans mais 25-30. Ce n’est pas pareil. Ils n’étaient pas dépourvus d’expérience syndicale : beaucoup avaient un mandat syndical. Mais les anciens n’étaient pas absents non plus. Avec nous se trouvaient d’anciens de la CGT-SR, de vieux militants de la CGT et des militants de la CNT espagnole. Certes, ils étaient minoritaires – l’Alliance n’était pas un club d’anciens combattants – mais ils étaient, croyez-moi, très présents, et leur expérience nous a été très précieuse. Julien Toublet, ancien de la CGT-SR, Georges Yvernel qui avait été militant des Cercles syndicalistes lutte de classe, à la CGT puis à la CNT, André Devriendt, de la CGT, et d’autres. Je voudrais faire une mention toute particulière à Antonio Barranco, ancien responsable cheminot de la CNT espagnole, qui a été avec nous en permanence.