SALACROU, Armand. Chronique d’un procès oublié : drame en deux parties

art : théâtre* bibliographie

"J’ai écrit ’Boulevard Durand’ pour apaiser la colère du petit garçon que j’étais".
Armand Salacrou

Paris : Gallimard, 1960. 281 p. ; 19 cm
L’avant-dernière pièce jouée de Salacrou. Ecrite de novembre 1958 à janvier 1959, elle est publiée en 1960. Refusée par Jean-Louis Barrault et Jean Vilar, elle évoque le souvenir de Jules Durand et sera créée dans un des lieux où il a lutté et vécu : la salle Franklin, salle des syndicats.
"Cette pièce nous raconte l’histoire de la grève de 1910 des ouvriers qui déchargeaient le charbon dans le port du Havre. Le secrétaire du syndicat de ces dockers était Jules Durand. Une machination patronale va alors le faire inculper pour meurtre, et condamner à mort. Il sera plus tard reconnu innocent et gracié, mais l’épreuve l’aura rendu fou. Il mourra à l’asile en 1926.
Salacrou n’invente rien. Il nous livre une reconstitution minutieuse de l’affaire et de la personnalité de Durand, militant humaniste, pacifiste et libertaire. Il nous rappelle la vie misérable des dockers de l’époque, ouvriers surexploités, précaires et méprisés. Il nous fait vivre les difficultés d’organisation de la classe ouvrière et le cynisme de ces "messieurs" du patronat.
Si vous réussissez à dénicher dans une bibliothèque ou chez un bouquiniste l’édition du Livre de Poche 1967, vous pourrez y lire une postface très intéressante de l’auteur. Il apporte des informations sur l’affaire et ses suites. Et sur l’histoire de la pièce elle même. Il rapporte ainsi l’émotion des représentations au Havre, salle Franklin, la maison des syndicats où Durand lui-même tint meeting en son temps. Les ouvriers dans la salle reprennent debout l’Internationale quand Durand la lançe au cours de la pièce, sifflent l’acteur qui jouait l’organisateur du complot…"
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La pièce est reprise à Paris en novembre 1961 au Théâtre Sarah Bernhardt.