DUPUIS-DÉRI, Francis. « En attendant le grand soir »

BAKUNIN, Mihail Aleksandrovič (1814-1876)délégation de pouvoir (élections)DUPUIS-DÉRI, Francis (1966 - )

L’anarchisme a effectué un retour sur la scène politique à l’occasion des manifestations de Seattle en 1999 et de Québec en avril 2001. Ce renouveau de la sensibilité anarchiste est une illusion ; le phénomène prend racine dans la contestation radicale et le mouvement contre-culturel des années 1960, principalement au sein du mouvement féministe et pacifiste. Aujourd’hui, les anarchistes ne font pas que manifester bruyamment ; on les retrouve au Québec au Centre des médias alternatifs et dans les journaux Le Couac et À Babord !, au Salon du livre anarchiste de Montréal, au sein du réseau des féministes radicales, dans des groupes écologistes qui pratiquent la récupération et la production de nourriture distribuée gratuitement, dans des ateliers et des conférences de la Nuit de la philosophie à l’UQAM, ou dans des appartements collectifs qui servent d’espaces d’élaboration de réflexions et de pratiques politiques, comme le Rhizome à Montréal [1]. Au-delà de l’anarchiste qui se réclame ouvertement de la tradition révolutionnaire du XIXe siècle incarnée par des auteurs comme Bakounine et Kropotkine, plusieurs activistes du mouvement altermondialiste reprennent consciemment ou non des principes anarchistes dans leur mode d’organisation et leurs pratiques : processus de prise de décision en assemblée délibérante, si possible au consensus, refus de la délégation représentative, action directe, rotation des taches, etc. Par soucis de respectabilité ou par ignorance, on préfère parler de « démocratie directe », même si cela à toutes les apparences de l’anarchie !