FUGLER, René, "Populariser la philosophie"

Pour continuer le débat sur Dieu

religion et spiritualité (en général)FUGLER, René(1934 - ....)

Résumé

La transmission du religieux s’opère sur les plans intellectuels et surtout à travers les formes de sensibilité. Une religiosité diffuse passe à travers les mouvements identitaires, les grands rassemblements populaires, les festivités de masse, la télévision grande pourvoyeuse d’émotions, les commentaires sportifs qui vantent sans relâche la compétition, la performance, la rage de vaincre.
Sur le plan intellectuel,"
Le temps est loin où les Bourses du
Travail s’efforçaient de fournir une information
aussi bien sociale que philosophique
ou scientifique. " Ou encore quand les anarchistes adhéraient à des clercles maçonniques ou des mouvements rationalistes. Si une démarche philosophique personnelle est indispensable, il reste à transmettre des idées, vulgariser une philosophie critique, mais sans manichéisme, socialiser une morale.
Qu’en est-il de l’imaginaire et de l’affectif ? Les militants participent à des rassemblements altermondialistes où se font surtout des débats d’idée. En dehors des jardins de la fiction, des mouvements d’ébullition sociale, qui peuvent bouleverser durablement les sensibilités, René Fugler propose la création de cercles informels et aléatoires "où se
partageraient goûts de lecture ou de
cinéma, souvenirs de rencontres et
d’expériences." S’il nous faut des "passeurs d’idées", nous avons aussi besoin d’enchanteurs.
Ronald Creagh

Réfractions No. 15 (automne 2005) pp. 89-99.

Quand, dans nos réflexions sur la religion, nous arrivons au
point de vue commun que la philosophie constitue une
alternative féconde à la religion , nous débouchons sur deux
interrogations : le passage de la recherche personnelle à un usage
collectif de la philosophie, et l’intégration des flux de sentiment,
d’émotion et d’imaginaire qui irriguent les croyances religieuses.Avant
de me laisser entraîner dans la sombre dérive de la question du mal,
j’avais esquissé quelques propositions. Il reste bien du terrain à
défricher.
L’apprentissage de la philosophie est un parcours individuel. Il
implique une démarche personnelle de prospection, de la persévérance,
la capacité de s’orienter dans la variété des publications, avec
leur niveau inégal de difficulté ou de sérieux. L’article d’Annick Stevens
et le livre de Michel Onfray qu’elle commente cernent bien le sujet. Il
n’en reste pas moins cette difficulté : en dehors de ces « microsociétés »,
et « microrésistances »que constituent des universités populaires qui se
formeraient à l’image de celle de Caen, comment passer de l’individuel
au collectif, par quelles voies, à travers quelles médiations, diffuser une
« philosophie populaire » qui apporterait une riposte efficace à la fois
à propagation religieuse et aux idées dominantes de la société dite
libérale ?
Comment faire face à des croyances assimilées dès l’enfance par
« infusion » dans la famille, prolongées dans les cultes, les associations,
les institutions et la presse confessionnelles ? Et renforcées maintenant par les pressions et les tensions
identitaires, communautaires ?