Raoul Vaneigem, la révolution de “l’être plus que l’avoir”

Guy Duplat

révolutionVANEGEIM, Raoul (1934-....)

Raoul Vaneigem fut un des grands penseurs de Mai 68 avec son livre culte pour les manifestants, le “Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations”. Aujourd’hui, il garde un œil acéré sur l’évolution du monde et n’a rien abandonné de ses idéaux de changement radical. Nous avons fait, avec lui, un bilan sans concession de 2012.

Que retenez-vous de 2012 ?
2012 a établi pour tous une évidence, que confirmera 2013 : la faillite d’un système de gestion économique et social qui, au nom du profit, paupérise les populations, ruine la vie, dévaste la terre, empoisonne le corps et pollue la conscience.
On voit la désespérance gagner du terrain, en Grèce, Espagne, Italie, chez nous ?
En choisissant d’investir dans les spéculations boursières plutôt que dans la production de biens de première nécessité, le capitalisme financier accroît la précarité. Il mise sur le désespoir et sur la peur pour répandre la résignation et pour propager l’idée que “mieux vaut se contenter d’aujourd’hui car demain sera pire”. Or ce fatalisme, que relaient servilement les médias, est démenti quotidiennement par des luttes dont l’information, à la botte des lobbies bancaires et multinationaux, se garde bien de parler – comme les occupations d’usine en Grèce, la création de coopératives agricoles, les esquisses d’autogestion, les tentatives de démocratie directe où la solidarité s’organise et combat cette stratégie du bouc émissaire à laquelle les mafias bancaires et leurs alliés recourent pour dévoyer la colère que leurs escroqueries suscitent et la diriger cyniquement contre les étrangers, les immigrés, les sans-papiers, les homosexuels, les “en-dehors.” L’ironie, c’est que la conspiration du silence est brisée par une communication qui ne passe ni par la radio, ni par la télévision, ni par les journaux mais se fraie un chemin sur Internet, en clopinant dans le chaos du réseau informatique.