REEVES, Charles.- La Révolution culturelle, une clef pour comprendre la Chine

REEVE, Charles (pseud. de Jorge VALADAS)Chine : Histoire : 20e siècle

« La clef de la compréhension du changement d’orientation de l’après-Mao et l’ascension économique de la Chine est ancrée dans l’ère de Mao », écrit Yiching Wu dans le récent ouvrage qu’il a consacré à la Révolution culturelle. Nulle tentative de réhabilitation, explique ici l’ami Charles Reeves, mais le désir de montrer la complexité et la multiplicité d’une lame de fond qui faillit bien échapper au contrôle sanguinaire du « Grand Timonier ».

Charles Reeve, auteur de cet article, a cosigné (avec Hsi Hsuan-wou) un ouvrage recommandé sur la Chine : China Blues - Voyage au pays de l’harmonie précaire, publié aux éditions Verticales en 2008

Dans un éditorial du New York Times publié le 27 mai 2015, « Corrupting the Chinese Language » (27 mai 2015), l’écrivain chinois Murong Xuecun écrit ceci : « 
Le nivellement par le bas de notre langue constitua un effort délibéré de rabaisser le discours public [...]. Cet emploi délibéré du langage pour embrouiller les choses vise un objectif clair : cacher la réalité de l’absence de démocratie en Chine et prétendre même que la démocratie existe. » L’auteur désigne le langage bureaucratique par l’expression « maolangue ».
Il explique qu’elle fut utilisée à profusion pendant la Révolution culturelle :
« La discussion intellectuelle, en même temps que la raison, fut jetée par la fenêtre. Dans cette atmosphère, les mots perdent leur véritable sens. Le parti peut alors se servir des mots pour noyer le poisson et mentir. »
Mais Murong Xuecun semble lui-même victime de la manipulation du langage dont il parle2. Il utilise l’expression « Révolution culturelle » dans le sens que lui donnent les autorités : en réduisant un mouvement social complexe à un mouvement politique contrôlé par Mao.