WARD, Colin. "Cités idéales"

urbanismeutopieWARD, Colin (14/8/1924 – 11/2/2010)

Une des constantes de la cité idéale rêvée par les utopistes est son plan géométrique et symétrique. Dans Les oiseaux, Aristophane se moque déjà de cette volonté systématique de Platon et de ses disciples — de tous ceux qui prétendent enfermer dans un cadre rigide l’avenir de leurs semblables.

Cet impératif géométrique s’explique évidemment autant par l’aspect des villes closes et fortifiées de l’Antiquité et du Moyen Âge, que par le fait que les utopistes proposent ce que les économistes appellent un « modèle » et les sociologues un « type idéal ». S’il fallait les réaliser, ces projets seraient forcément modifiés en fonction des impératifs du site, des structures existantes et des institutions en place. Mais il faut attendre les penseurs humanistes de la Renaissance pour que les utopistes commencent à prendre ces contraintes en considération.
Un Alberti, par exemple, le grand architecte et théoricien italien du 15e siècle, n’a jamais cherché à dessiner une cité idéale (même si on lui doit un projet de forteresse idéale pour un tyran, dont les ouvrages de défense sont tournés à la fois vers l’intérieur et l’extérieur). Il suffisait, selon lui, d’énoncer des principes qui puissent s’adapter à tous les sites et à toutes les exigences des citoyens.
A partir de la Renaissance, les Européens commencent à parcourir le monde, voyages qui préludent aux grandes entreprises de conquête et d’exploitation. Ils en ramènent des récits qui influencent directement certains utopistes. Le héros de l’Utopia de Thomas More est un marin portugais, Raphaël Hythlodaye, membre de l’expédition d’Amerigo Vespucci.