DENUEL COHEN, Isabelle. "Réflexion, action, passion. Du terrorisme au XIXe et au XXe siècles"
RussieterrorismePolitique. PopulismePolitique. Avant-Garde et avant-gardismeRussie. 19e siècle* bibliographieinsurrectionnalismeThèse de doctorat de 3e cycle : philosophie. Dir. Hélène Védrine. Paris 1 : 1986 [s.l.] : [s.n.]
Résumé
Au xixe siècle les anarchistes et les populistes russes ont jeté les bases théoriques du terrorisme individuel, justifiant la violence "accoucheuse" des nouvelles sociétés par le fait qu’elle seule, hors les voies légales de la politique, devait être en mesure de libérer le peuple opprimé, et ce malgré lui s’il le fallait, puisqu’une telle méthode révolutionnaire n’exigeait pour sa réalisation que la constitution d’une avant-garde armée qui, a plus ou moins long terme, devait entrainer un soulèvement plus général. Le but d’une telle entreprise était défini : il s’agissait de parvenir à une véritable révolution sociale, car les structures de la société elles mêmes devaient être changées, il ne suffisait pas de renverser le pouvoir politique pour en remplacer les détenteurs, mais il fallait balayer celui-ci en même temps que la société qui l’avait secrété.
Sans doute est-ce à ces sources théoriques que s’est alimenté le terrorisme idéologique du XXe siecle tout aussi largement inspiré par la definition léniniste de l’impérialisme et par la pratique "guerrillera" de l’Amérique latine des années soixante. Il y a en effet une histoire de ce terrorisme particulier qui ne concerne nullement des questions de séparatisme ou de nationalisme , mais qui se donne de plus larges objectifs comme autant d’absolus. La stratégie au XIXe et XXe siecle est pareillement définie : il faut préparer les conditions de la révolution et pousser le peuple à la revolte. Chacun pense ses méthodes, ses tactiques, au gré des lieux et des époques. mais l’état d’esprit est-il réellement le même ?
Les anarchistes russes au XIXe siecle considéraient le pouvoir comme mauvais en soi et indigne des leurs, et s’attaquaient en outre à un pouvoir despotique. Au XXe siècle c’est la tentation totalitaire du terrorisme qui semble prévaloir lorsque ce sont des démocraties qui subissent ses assauts, le mode de gouvernement futur se dessinant à travers la méthode d’action, lorsque ce que l’on nous promet n’est plus semble-t-il que le règne définitif de la violence.