Présentation
Après ces différents chapitres préliminaires, nous allons entreprendre l’étude proprement dite de l’histoire du mouvement anarchiste en Belgique. Nous décrirons successivement les différents « lieux » où les anarchistes ou libertaires belges pouvaient se rencontrer et unir leurs efforts en vue de l’avènement de leurs idéaux. Par « lieux », nous entendons deux réalités distinctes : les groupes et les revues. Nous avons pris le parti de ne pas séparer les deux car, dans les faits, groupes et revues fonctionnaient de concert. Les publications anarchistes étaient toujours l’émanation d’un groupe de personnes, même dans le cas où celui-ci n’existait pas formellement.
Dans ce chapitre, nous décrirons de façon relativement précise les caractéristiques des groupes et revues, leur mode de fonctionnement, les débats et conflits qui s’y sont déroulés et les actions éventuelles qui y ont été menées. Il faut signaler que nous ne nous limiterons pas aux groupes et revues ouvertement anarchistes, nous étudierons également ceux où des libertaires se sont montrés actifs. Il s’agit d’un travail assez méticuleux, qui peut sembler rébarbatif, mais qui est essentiel car, à partir de ces données, nous pourrons dégager certaines tendances générales du mouvement (préoccupations, difficultés rencontrées,…).
Ces observations nous ont conduit à distinguer différentes périodes dans l’histoire de l’anarchisme belge à cette époque. Nous sommes néanmoins conscient du caractère arbitraire de ce découpage. Nous voulions avant tout montrer l’évolution du mouvement pour, en final, tenter de répondre à la question que nous avons annoncée dans notre introduction : y a-t-il rupture ou continuité entre 1945 et 1970 ? Aussi avons-nous privilégié une structure chronologique. Nous aurions tout aussi bien pu adopter une structuration prenant pour base les tendances idéologiques ou les situations géographiques. Cela aurait évacué l’aspect diachronique, qui nous semble essentiel dans une étude telle que celle-ci.
Nous serons particulièrement attentif au fait de déterminer si, au fil du temps et de la succession des groupes, on voit réapparaître les mêmes individus. Chacun développant une vision particulière de l’anarchie, on examinera les rapports de force qui se sont produits au sein du mouvement et leur résolution : quelle tendance l’a-t-elle emporté, qui a pris l’ascendant sur les autres ? Nous mettrons particulièrement l’accent sur les éventuels conflits de génération qui se sont faits jour au sein du mouvement. Mais l’histoire de l’anarchie ne se résume évidemment pas en une succession de conflits. Les solidarités entre les groupes seront également mises en lumière