ROTHÉA, Xavier. "Les Roms, une nation sans territoire ?"

Population. EthniePopulation. Roms, tsiganes et gens du voyage

Peuple à l’histoire méconnue et souvent travestie, les Roms disposent d’une identité collective qui s’incarne non pas dans un État mais dans un territoire constitué par un “ espace vécu ” de relations familiales, professionnelles et commerciales. Au-delà de la lourde responsabilité des États, dont celle de la France, quant à la ségrégation dont ils sont l’objet, l’auteur pointe du doigt la carence des libertaires qu’il incite à se rapprocher des Roms qui cherchent à promouvoir une auto-organisation hors des cadres familiaux et claniques.

Consacrer un article aux Roms nécessite au préalable une mise en garde contre deux écueils. Il serait tentant, d’une part, et encore plus dans le numéro d’une revue anarchiste consacré au fédéralisme, de présenter la ou les sociétés romanis comme des modèles de fonctionnement non étatique au sein desquels les individus jouiraient d’une totale liberté. C’est là une vision romantique aussi erronée que celle présentant les Roms comme des « voleurs de poules ». Comme dans de nombreuses autres sociétés, l’exploitation, le patriarcat, le contrôle pesant du groupe sur l’individu existent et ne peuvent être ignorés. D’autre part, le danger, qui n’est pas propre aux anarchistes celui-là, serait de considérer les populations romanis comme plus marginales, plus inorganisées que les autres populations, leur niant ainsi toute culture et toute organisation sociale propre.
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