2006 Octobre 6-7. Paris, EHESS : "Socialisme et sexualité"

sexualité et genresocialisme

Les socialistes et le mariage

Session des 6 et 7 octobre 2006. Laboratoire de Démographie historique de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS - Paris)

Call for papers - Send a brief abstract (250 words) and a short CV to the appropriate session moderator - Deadline : January 15, 2006.
Un sujet très vaste, surtout pour un séminaire qui a l’ambition de développer ses travaux dans une perspective à la fois historique et internationale. Aussi, avons-nous décidé d’organiser nos débats autour de cinq thèmes qui nous ont paru essentiels. Les communications devront respecter ce choix et, donc, correspondre exactement à l’un des thèmes choisis. Elles pourront être faites en anglais ou en français.
1 - Connaissances et phantasmes
Les socialistes du XIXe siècle pouvaient, à partir d’une masse de sources immense : écrits anciens, études historiques, récits de voyageurs, de missionnaires... considérer que le mariage, tel qu’il était réglementé par les usages et les lois en vigueur, n’avait été et n’était qu’une façon parmi beaucoup d’autres de régler les questions affectives, sexuelles et d’éducation des enfants. Il ne s’agit pas, pour nous, de juger de ce qu’il pouvait y avoir de vrai, de mal interprété ou de purement imaginaire dans ces travaux mais de leur influence sur les oeuvres des premiers penseurs socialistes. Pour ce faire une première série d’exposés sera consacrée à l’utilisation de tels exemples, historiques ou exotiques, dans la genèse de leurs théories sur la famille.

Contact : Jesse Battan
2 - Le nouveau monde amoureux
Parmi les nombreux projets socialistes d’édification d’une société rationnelle et juste qui fleurissent tout au long du XIXe siècle, nombreux sont ceux qui dénoncent la famille et le mariage comme des institutions essentielles au vieux monde pour perpétuer son système oppressif et inégalitaire et qui prônent leur destruction. Après une introduction consacrée aux exemples les plus connus de description ou d’expérimentation des relations affectives et sexuelles telles que - délivrées du mariage - elles auraient pu s’épanouir dans la société harmonieuse qui devait naître (Enfantin, Fourier, Engels, divers anarchistes...), cinq ou six communications porteront sur des spéculations ou des tentatives généralement ignorées ou oubliées.

Contact : Francis Ronsin
3 - L’union libre
L’ampleur prise par la condamnation du mariage dans les milieux avancés jointe à la peur d’adopter un mode de vie radicalement opposé aux moeurs dominantes explique le succès d’une formule intermédiaire : l’union libre. Les couples vivant en union libre ont un mode de vie généralement très proche de celui des couples mariés : leurs relations visent à la pérennité, à l’exclusivité, souvent, à une descendance, mais, le fait de mépriser les garanties que procurent les usages et les lois se veut une manifestation de confiance mutuelle, de relative autonomie - en particulier pour les femmes qui conservent leur nom et une totale capacité de droit - et de non-conformisme. Une série d’interventions pourraient mettre en évidence l’importance prise par l’union libre dans les milieux politiques et syndicaux ainsi qu’éventuellement les critiques formulées à l’encontre de cette pratique par les partisans, également socialistes, de l’amour libre.

Contact : Marcela Iacub
4 - L’exercice du pouvoir
Des socialistes ont pu accéder au pouvoir politique et, même, l’exercer de façon ouvertement dictatoriale. Il serait souhaitable que quelques intervenants présentent et tentent d’expliquer la façon dont ils ont, ou n’ont pas, modifié la législation du mariage et si la vie des couples en a été éventuellement transformée. En particulier, les politiques, en matière de mariage, mises en oeuvre dans les pays ayant connu le " socialisme réel " pourraient être utilement comparées aux initiatives prises par les sociaux démocrates lorsqu’ils ont été au pouvoir.

Contact : Monika Pisankaneva
5 - Le mariage des homosexuels
La naissance d’un mouvement homosexuel militant a coïncidé, à la fin des années 1960, avec un retour en force du socialisme révolutionnaire et de la contestation des règles entravant le libre accès aux plaisirs. Ce mouvement gay combattait l’ordre social et moral existant, en particulier le mariage dénoncé comme bourgeois, conformiste, sexiste et opposé à l’émancipation sexuelle. Puis, se développa une tendance réformiste qui entreprit de discuter avec les libéraux et les socialistes d’une révision des lois réglementant la sexualité. Pour beaucoup de couples gays et lesbiens le droit au mariage et à la paternité/maternité devint une revendication essentielle. Les responsables politiques socialistes réagirent de façon très diverses à cette demande. Hostilité de ceux qui la jugèrent réactionnaire ou, au contraire, incompatible avec leur attachement à la famille et à l’hétérosexualité. Sympathie de démocrates qui y virent une application logique de leurs idéaux de liberté et d’égalité. Des forces respectives de ces courants résultèrent, sur ces points, des législations nationales disparates.
Une dernière série d’interventions serait consacrée à une confrontation de témoignages sur les formes qu’ont pu prendre ces surprenants retournements dans différents pays.

Contact : Gert Hekma