SCHWARTZ, Barthélémy. "Juin 36 : l’envers du décor"

Politique. Front populaireSCHWARTZ, Barthélémy

Alors que Mai 68 est resté dans la mémoire sociale comme un mouvement social réprimé de façon combinée par le patronat, l’État, les partis de gauche et les syndicats, celle-ci n’a retenu des grèves de mai-juin 36 que les "acquis sociaux" du Front populaire. Pourtant, ceux-ci n’ont été que les concessions nécessaires du gouvernement de Blum à la répression du plus grand mouvement social de l’entre-deux guerres. La réédition de Front populaire, révolution manquée de Daniel Guérin [1] est l’occasion de revenir sur cette période, qui par bien des aspects est proche de la nôtre. Si le rôle joué par le PC étonnera peu (le mot historique de Thorez, "Il faut savoir terminer une grève", est resté dans les annales de police sociale), celui des socialistes est moins connu. Au-delà de l’action des partis de gauche et des syndicats, les événements de mai-juin 1936 nous rappellent qu’en matière de répression sociale, on n’est jamais mieux servi que par ceux qui nous représentent et parlent en notre nom, du moins tant que la règle du jeu n’aura pas été changée. [2]
Le mouvement des occupations est apparu de façon spontanée, prenant au dépourvu aussi bien le patronat, le gouvernement que les syndicats et les partis de gauche : "Le mouvement s’est déclenché sans qu’on sût exactement comment et où." (Jouhaux, secrétaire général de la CGT). Quelle a été l’attitude du patronat, de l’État et des syndicats pour faire cesser les occupations en juin 36 ? [3]

[1Editions Babel/Actes Sud, 1997.

[2Cet article est d’abord paru dans dans Oiseau Tempête n° 2 (1997)

[3Principales sources : Juin 36, de Danos et Gibelin (La Découverte 1986) ; Juin 36, de Lefranc (Julliard, 1966) ; La France en mouvement, sous la direction de Jean Bouvier : recueil d’articles de divers auteurs, consacrés à juin 36, parus dans Le mouvement social, (Champ Vallon, 1986).