STEVENS, Annick. "Comment reprendre en mains le pouvoir politique"

politiqueSTEVENS, Annick

Réfractions No. 17 (Automne 2006)
Nos vies manquent cruellement de pouvoir politique.Tout nous échappe, tout est régi sans notre intervention. Il ne se passe pas un jour sans qu’une nouvelle loi, un nouveau décret, vienne réglementer, limiter, interdire l’une ou l’autre activité. Que cela concerne la production économique, les institutions judiciaires, l’enseignement public ou l’aménagement du territoire, jamais les acteurs principaux ne prennent part aux décisions. Le pouvoir de décider pour tous est confisqué par une petite classe, plus ou moins endogame et auto-reproductrice, de professionnels sur lesquels seules les puissances financières ont de l’influence. Pour le particulier, presque plus rien n’est permis, presque plus rien n’est possible.
La nécessité du pouvoir politique
Il me semble important de penser que, dans une société anarchiste, c’est bien de pouvoir politique que l’ensemble des membres jouiraient, et que ces deux termes, « pouvoir » et « politique » doivent être revendiqués positivement lorsque nous tentons de faire progresser notre type d’organisation collective. Ceci demande, en premier lieu, de refuser les dérives par lesquelles le sens péjoratif des termes tend à s’imposer exclusivement. On ne doit pas toujours reculer devant les avancées de la récupération du langage par les instances dominatrices, on ne doit pas toujours inventer de nouveaux mots pour qu’ils soient à leur tour immédiatement détournés de leur sens