CREAGH, Ronald. Réflexions sur "le printemps" égyptien

révolutionCREAGH, Ronald (1929 - ....)Égypte

Le discours occidental sur les événements d’Egypte se résume à parler d’un "printemps arabe" . Depuis, il n’y aurait plus rien, si ce n’est un discours sur le type d’Etat qui se met en place. Mais au-delà du court terme, au-delà de l’appareil d’Etat, on peut se demander s’il existe des formes d’anarchie sociale déjà présentes au cœur de la vie traditionnelle des Egyptiens.
Retour sur les événements.

Représentez-vous 20 000 ouvriers qui travaillent dans une filature de textile où sont présents 500 membres de la police secrète. L’entreprise se dénomme "Misr Spinning and Weaving Factory", elle est située à Al Mahalla Al Kubra, ville de la zone industrielle du Nil.
Révez ensuite d’un pays où l’on ne voit guère de graffitis sur les murs.
Tel était le cas de l’Egypte de Mubarak [1] .
Et voici que cela change :

Une série d’inscriptions et de dessins révolutionnaires ont soudain fleuri sur les murs. Bien entendu, comme dans la France de mai 1968, tout cela fut effacé dans les 48 h. Les graffitis font toujours peur aux Etats.
Fort heureusement, des photographes et d’autres artistes eurent la présence d’esprit d’intervenir rapidement pour photographier ou reproduire ces illustrations. Depuis, un ouvrage est paru, que l’on pourrait intituler "Les murs ont la parole". Ce copieux volume, qui ne fait pas moins de 680 pages, présente dans un ordre chronologique des illustrations murales [2]. Quant à la ville de Malhalla, le plus grand centre industriel égyptien, elle a chassé le 7 décembre 2012 le président du conseil municipal et s’est déclarée cité autonome, indépendamment de "l’Etat des Frères Musulmans".
Belle invitation à porter un regard mesuré sur les événements en Egypte, et plus généralement sur le monde arabe. Mais aussi à revisiter quelques idées reçues. Car l’histoire d’un pays ne se limite pas à celle de son Etat. Elle doit mettre en scène toutes les forces en présence. Ce n’est qu’ensuite que l’on réfléchira sur la nature de la contestation : peut-on vraiment parler d’un printemps arabe ?

Myopies européennes

Je me souviens qu’à l’époque où le Président Chirac organisait des expériences nucléaires dans le Pacifique, je me trouvais en Suède. Dans le restaurant où j’étais assis, la serveuse, apprenant que j’étais français, renversa délibérément sur moi une partie du contenu du plat qu’elle devait poser sur la table. C’était sa manière de protester contre ces exercices militaires. En somme, puisque Français, j’étais tenu pour responsable de ces essais.
C’est ainsi que la plupart des Européens confondent État et société. Il est commun de dire "les Anglais", "les Allemands" ... pour parler des décisions prises par les gouvernements de ces populations. Beaucoup de journalistes occidentaux, si prudents quand il s’agit de distinguer Poutine du peuple russe, appliquent le même traitement aux pays arabes, sauf pour la Syrie en ce moment.
L’histoire de l’Europe, telle qu’elle est enseignée, entretient cette confusion. Et dans la vie quotidienne, l’existence légale d’un individu dépend des pouvoirs publics : il est dès sa naissance enregistré dans la paperasserie officielle, et une nationalité lui est attribuée. L’école primaire et secondaire lui enseignent ensuite qu’il fait partie d’un peuple « homogène ». Pourtant, les mélanges de population sont tels aujourd’hui que les habitants d’une ville ou d’un pays sont loin d’avoir un passé commun. La communauté nationale n’existe que sur le plan légal et dans l’imaginaire collectif. Mais il est vrai que cette construction administrative, artificielle, est la condition incontournable d’une vie tranquille, parce qu’il est très dangereux de se trouver dans une situation illégale.
Les théories traditionnelles de l’Etat lui attribuent un caractère universel à leurs théories de l’État. Elles le considèrent comme une instance cruciale : il garantit la monnaie du pays, il crée des emplois, ses tribunaux sont supposés régler les conflits et on estime que, de par sa position, il est seul à pouvoir tenir compte de l’ensemble des problèmes de « sa » population et décider du bien commun. [3]
Quand nous parlons des pays arabes, nous faisons la même confusion entre un peuple et son gouvernement. Pire, nous comprenons mal la nature de cette gouvernementalité.
Rendons-nous au pays du Nil. Un Egyptien trouvera absurde l’idée d’identifier l’Etat et la société. Voilà soixante ans qu’il a été gouverné par une caste de militaires bureaucrates, qui avaient réussi à écarter du pouvoir les autres prétendants , qu’il s’agisse des élites islamistes ou de celles qui réclament un Etat laïc.
Ce n’est pas la seule surprise qui nous attend. Nos intellectuels entretiennent une seconde illusion. Nous avons l’orgueil de croire que nos théories au sujet de l’Etat occidental ont une valeur universelle. Or le système socio-politique de l’Egypte, comme celui de beaucoup de pays arabes, est autrement plus complexe. Il inclut, entre autres, un système d’allégeances tribales, religieuses et de diverses minorités.
Il y a enfin le choc des médias. L’information quotidienne vous arrive comme une douche, et quand on est sous la douche… on ne pense à rien d’autre. Chaque journée nouvelle noie les événements d’hier dans une apocalypse d’images nouvelles.
Ces remarques ne sont pas inutiles. Un regard déformé aboutit à présenter le Moyen-Orient avec des images surréalistes. Signaler un "printemps" arabe, c’est une manière journalistique de limiter son analyse au temps présent. C’est surtout témoigner d’un mépris pour les dizaines d’années de luttes militantes et de grèves qui ont mobilisé des millions d’ouvriers égyptiens, c’est jeter un voile pudique sur les révolutions arabes du passé contre l’oppression économique, sociale, politique, impérialiste, qu’aujourd’hui l’Occident feint d’ignorer. C’est aussi une manœuvre politicienne, qui permet de masquer les revirements de la politique étrangère des États-Unis. Hier, ils diabolisaient les Frères Musulmans ; aujourd’hui ils y voient des alliés, des « bons musulmans ». A distinguer des autres, suspectés d’être des terroristes potentiels.
Parler d’un "printemps arabe", c’est enfin un signe d’arrogance. Nos experts, qui n’ont rien vu venir, décrètent maintenant que la révolution est terminée, puisqu’elle n’a duré qu’un printemps. Comme si l’histoire s’arrête, comme si plus rien n’allait advenir dans cette direction. N’est-ce pas oublier un peu vite que, par exemple, la Révolution française fut suivie par l’entreprise de colonisation du monde par Napoléon ? Et pourtant, ses effets continuent à se faire sentir deux siècles plus tard.
Des conclusions se dessinent déjà. Premièrement, c’est une illusion de croire que l’abolition de l’Etat aboutirait de facto à une société égalitaire, anarchique. Les formes les plus variées de domination existent dans la vie sociale, qu’il s’agisse des femmes, des minorités, ou des plus démunis. Et il en est de même sur le plan international, où l’on ne rencontre guère de milieu social dépourvu de toute forme de domination. Deuxièmement, la situation des pays arabes est actuellement bien trop fluide pour porter un jugement définitif sur l’impact de cette révolution. Mieux vaut déjà chercher à comprendre quelles sont les forces en présence.

Au pays des pharaons

La position géopolitique de l’Egypte est cruciale. Dans le Moyen-Orient en général et pour Israël en particulier. Est-ce pour cela que les instances nationales, avec la complicité des autorités locales, s’efforcent de métamorphoser le pays en machine à remonter le temps, à le congeler sous la forme de bulle touristique où les visiteurs étrangers rencontrent les vénérables ancêtres pharaoniques ?
Que sont donc devenues les avant-gardes anticolonialistes du monde arabe ? Ces groupes progressistes et tiers-mondialistes, quand ils ne se sont pas exilés, ont jadis occupé la place des élites gouvernantes et beaucoup ont fini par se convertir au paternalisme glacial qui unit sans pudeur dirigeants de l’Etat et gros bonnets des affaires. Le mépris de ces notables à l’égard de leurs propres compatriotes s’exprime à travers un pouvoir arbitraire et absolu.
La culture religieuse du pays, quant à elle, a donné naissance à des courants politiques diversifiés et disparates. La prestigieuse mosquée Al-Azhar, fondée en 970, et le siège de l’université al-Azhar, une des plus anciennes au monde, forment la plupart des interprètes de la loi musulmane (les « muftis ») du Moyen-Orient et jouissent d’un statut supérieur à toutes les autres autorités sunnites dans le monde. En 2003, Nicolas Sarkozy est venu prêter allégeance au grand Cheikh Mohammad Sayed Tantaoui, le priant de dispenser les femmes musulmanes françaises du port du hijab, autorisation qui lui fut accordée [4].
D’autres courants ont gagné du terrain, notamment la doctrine des Frères Musulmans. Contrairement à Al Qaïda, groupe politique fondé sur une stratégie de jihad global, mais qui est totalement déconnecté du mouvement social, ils se sont rapprochés des populations villageoises, où sévit une pauvreté endémique, et ils ont déclaré lutter contre la corruption et pour l’égalité. Ils ont aussi considérablement modernisé leur image et leur intervention dans les médias, qu’il s’agisse de l’Internet ou de l’influente chaine d’informations Al Jazeera. Leur rapport avec l’armée est très étudié. Ils savent que celle-ci n’est pas seulement liée au pouvoir, mais également à l’économie, où elle contrôle les revenus et empoche une bonne part des profits. C’est par rapport à elle aussi que se jouent une bonne partie des rapports politiques.
Aucun de ces groupes ne s’exposa durant la révolution de 2012, malgré les sollicitations des médias, toujours hypnotisés par les grandes figures du pouvoir. Et on conclut aujourd’hui que la révolution est révolue. Circulez, il n’y a rien à voir !
Ce journalisme simplificateur adopte une position de classe. C’est sans doute à cause de cela que les « experts, » qui veulent jouer dans la cour des grands et ne s’intéressent pas au petit peuple, ont été pris au dépourvu. Le mouvement de 2011 n’a rien de spontané. Pour l’entrevoir, il faut se tourner vers d’autres couches sociales et réassumer le passé.

Les secousses du pouvoir

La révolution a été précédée par des démonstrations importantes en l’an 2000, en faveur de la 2e Intifada. Une jeunesse, jusque-là dépolitisée, se mobilisa. 2003 vit apparaître le Mouvement du 20 mars contre l’invasion de l’Iraq par les Etats-Unis. Ce soulèvement contre la guerre [5] fut l’une des plus importantes manifestations spontanées de l’histoire égyptienne. Dans la foulée, des intellectuels du Caire et d’Alexandrie commencèrent à s’agiter et réclamer des droits politiques. Ensuite, vers 2005 le mouvement Kefaya [Y en a marre ! ] s’éleva contre le Président Moubarak et apprit aux gens que le système répressif de l’Etat n’arrivait plus à réprimer les manifestations populaires. Mais cette coalition de marxistes, d’islamistes et de défenseurs de la laïcité, se trouva paralysée par les divergences tactiques et surtout par son incapacité à proposer une solution constructive. Elle finit par rejoindre le mouvement de la classe ouvrière, dont les exigences étaient d’ordre économique, puis elle rallia le courant révolutionnaire de 2011. Mais le coup de grâce au régime fut donné par la grève générale illimitée : trois jours suffirent pour entraîner la démission forcée de Moubarak. Car la cessation du travail déclencha la décision des généraux de l’armée. Elle touchait leurs portefeuilles, eux qui contrôlaient environ 40% de l’économie.
C’est sous cet angle plus large qu’il faut comprendre et discuter une analyse intéressante de Mohammed Bamyeh, parue en juillet 2011 [6].
L’article, certes, pose quelques problèmes. La contestation égyptienne n’est certes pas anarchisante : elle vise essentiellement à susciter un Etat moins autoritaire. Le mot "anarchiste" devrait être remplacé par celui d’ "anarchique". En effet, il ne s’agit pas d’un mouvement ou d’une mouvance libertaire, mais de courants assez traditionnels qui manifestent une certaine distance par rapport aux pouvoirs établis. Et c’est sur ce plan que cette recherche est intéressante, voire originale, même si elle doit être poursuivie et sans doute nuancée.
Bamieh explique qu’il existe une attitude très ancienne de méfiance à l’égard des autorités lointaines. Elle est fondée sur l’idée que l’aide d’un pouvoir lointain est absolument incontrôlable et invérifiable.
Le mouvement révolutionnaire relève aussi, selon lui, de l’éthique citoyenne traditionnelle. La spontanéité de la révolution est une extension de la spontanéité déjà familière de la vie quotidienne ; la solidarité révolutionnaire, d’où émerge une volonté de sacrifice et de combat, est une extension de la convivialité solidaire des quartiers et des villes ; enfin, la non violence comme stratégie n’a pas été apprise dans les manuels universitaires mais elle fait partie des formes anciennes et familières de la protestation.

Mais notre auteur va plus loin encore. Il rattache à la philosophie des Lumières un certain nombre d’attitudes qui sont apparues à plusieurs reprises dans le monde arabe : la critique du caractère arbitraire d’un pouvoir absolu, l’affirmation de la capacité créative de la volonté, de la raison et de la liberté humaines. Bref, le monde des Lumières ne se serait pas limité à l’Europe, il aurait aussi brillé là où règne l’idée que, justement, les Lumières viennent d’en-bas.
Ce courant est sous-tendu par une forme d’anarchisme qui rejette l’association entre le pouvoir et le savoir, qui refuse d’utiliser le pouvoir comme moyen, même pour réaliser le bien commun. Pour Bamieh, les expériences révolutionnaires arabes témoignent d’une confiance partagée dans les capacités de l’individu ordinaire, sans meneur et sans tutelle, pour défaire les tyrannies de ces dernières décennies. Elles démontrent que l’on peut surmonter l’immaturité imposée par l’Etat. Ce qui implique qu’on a aussi surmonté sa propre immaturité, une immaturité auto-imposée, de façon silencieuse, inaudible, bien avant la révolution.
On peut souhaiter que ces affirmations soient étayées par des études sur le terrain. Elles semblent assez vraisemblables lorsqu’il s’agit de la jeunesse urbaine, ouverte sur l’Internet, qui parle aussi l’anglais. Elle est moins vraie pour la classe ouvrière, qui réclame un secteur public fort, des droits collectifs et la solidarité sociale. Et qu’en est-il des villages ? Il faudrait aussi examiner dans les métropoles la différence de réactions selon les quartiers, par exemple dans la ville d’Alexandrie.
S’il ne s’agit donc pas de supprimer l’Etat, la méfiance persiste à l’égard des partis politiques et des hiérarchies, selon Bamieh. Même après un succès révolutionnaire, le départ de Moubarak, et en dépit de la répression, il existe toujours une volonté de s’appuyer sur la spontanéité, l’initiative locale, et surtout de ne pas s’écarter du chemin de la révolution. On attend de cet ordre politique que le citoyen ait assez d’espace privé pour pouvoir respirer sans la tutelle de l’Etat, pour se libérer de « l’immaturité auto-imposée. » Si l’Etat libéral paraît à l’horizon, il n’est pas la fin de l’histoire.
Cette analyse est-elle trop optimiste ? Quoi qu’il en soit, elle a le mérite de poser le problème de l’anarchie au niveau de la société elle-même, et pas seulement en référence à l’Etat. Et on ne peut que souscrire à ce qu’écrit notre auteur sur les effets de la révolution dans la mémoire collective. Il souligne que les révolutions établissent de nouvelles traditions. Et elles fournissent à la mémoire collective un réservoir immense de ce qui est possible, et cette mémoire réapparaîtra dans les contestations suivantes.

La maison divisée

Durant la révolution égyptienne, les Frères Musulmans ne participèrent pas aux manifestations ; ils ne parlèrent même pas d’établir une république islamique. Et ils mirent en œuvre un brillant coup diplomatique : au cours même de ces événements, ils envoyèrent une délégation aux Etats-Unis [7].Celle-ci comprenait des membres qui avaient obtenu un doctorat dans ce pays et maitrisaient parfaitement l’anglais. Cette ambassade fut fort bien reçue : elle ne prononça même pas le mot "Israel" et ne parla que de son ouverture aux affaires, au marché libre et aux investissements étrangers ; sur les questions religieuses, elle se montra évasive.
Depuis, les Frères Musulmans sont entrés au gouvernement. C’est pour eux un échec relatif, car ils espéraient régner avec les militaires Sur les positions des militaires durant la période dite de révolution, voir le Middle East Research and Information Project (en anglais). Mais le Président Mohammed Morsi les a bernés en s’accordant les pleins pouvoirs. De plus, ils ne sont pas seuls en lice : diverses figures charismatiques leur font de l’ombre ; et les salafistes, musulmans bien plus intransigeants, briguent aussi la place.
L’agitation continue et, pour l’instant, les appareils dirigeants se raidissent, comme partout dans le monde, sous des formes diverses. Les Frères Musulmans ont commencé leurs attaques contre le Mouvement socialiste libertaire égyptien [8]. La mondialisation au service des élites financières ne tolère aucune démocratie. Il faut se soumettre ou prendre la porte. Les Etats qui ont adopté ce système suppriment peu à peu leur côté soi-disant "providentiel," à savoir les concessions qui leur ont été arrachées par les luttes populaires. Par suite, leur légitimité est remise en cause. Ils doivent donc renforcer leurs appareils répressifs. Ils y réussissent avec le soutien de Washington, une fois de plus décidé à collaborer avec un système conservateur et autoritaire.
Les Etats-Unis qui, au temps de Nasser, courtisaient les Frères Musulmans, les considérèrent par la suite comme de dangereux extrémistes musulmans. Mais les temps ont changé, la politique américaine a opéré un grand virage et les liens se renforcent : Washington désormais reçoit même les Salafistes qui, eux, sont bel et bien des musulmans intégristes.
Et le Président Obama n’a pas cessé de verser des milliards de dollars à l’Egypte et d’envoyer du matériel militaire à son armée, la plus importante de toute l’Afrique. Celle-ci utilisait ces avions pour survoler la place Tahir et protéger Moubarak ; depuis, le 7 décembre 2012, ce sont ces tanks qui défendent le palais présidentiel du nouveau dictateur, lors de la manifestation contre Morsi [9].
Mais les jeux ne sont pas terminés.

[1Sur l’usine et ses policiers, voir Interview Mackell / el-Fayoumi, "Weaving Revolution : Speaking with Kamal el-Fayoumi" Interface, Volume 4 (1) : 20 - 32 (May 2012).

[2Zeitouna : Wall Talk : Graffiti of The Egyptian Revolution. A chronicle of the graffiti of the Egyptian revolution from January 2011 - June 2012 EAN : 2724269166601.

[3En réalité la vie quotidienne est autrement plus riche. Les identités de chacun sont multiples, aussi nombreuses que peut l’être son imagination. D’autres groupes, comme la famille et le milieu professionnel, exercent des rôles non moins importants et, de nos jours, ils sont de plus en plus cosmopolites.

[4Malika Zeghai, "The "Recentering" of Religious Knowledge and Discourse : The Case of al-Azhar in Twentieth-Century Egypt", in Hefner, Robert W. ; Zaman, Muhammad Qasim, Schooling Islam : the culture and politics of modern Muslim education, Princeton University Press, 2007, p. 123.

[5C’est aussi une illusion occidentale d’exagérer l’influence des théories non violentes de Gene Sharp sur les mouvements qui se sont succédés, comme si les populations arabes étaient incapables d’avoir leurs propres révolutions.

[6Mohammed Bamyeh, "Anarchist, Liberal, and Authoritarian Enlightenments : Notes From the Arab Spring", 30 juillet 2011, dans JADALIYYA, consulté le 3 janvier 2011. M. Bamyeh est professeur au département de sociologie de l’Université de Pittsburgh aux Etats-Unis

[7La démarche fut sans doute plus ou moins encouragée par Washington. Cf. Wall Street Journal, February 21, 2012.

[8Consulter le site Anarchismo qui renvoie aussi aux textes en langue arabe (consulté le 8/1/2013). Sur le Mouvement socialiste libertaire égyptien, créé au Caire le 5 mai 2011, voir aussi sa déclaration de principe Anarchismo

[9Rowan Scarborough, "Muslim Brotherhood inherits U.S. war gear," The Washington Times, 6 décembre 2012. A noter qu’il s’agit d’un journal conservateur, financé par la secte Moon ; mais il s’agit ici d’une information vérifiable ; voir par exemple Roger Cohen, "Working With the Muslim Brotherhood" New York Times, 22 octobre 2012.