La coopérative libertaire III
Les thèses anarchistes restent donc bien présentes au sein de l’organisation . Quelques articles de l’acte de fondation témoignent de cette démarche libertaire. De plus, Laisant aide probablement le groupe à prendre exemple sur le travail déjà réalisé par Kress et Henri Antoine. Vraisemblablement, les conférences du forain ont sans aucun doute dû permettre de monter au mieux la structure cinématographique.
Article 4 : Elle a pour objet :
1 – La production, la reproduction, la vente, la location des films cinématographiques ainsi que tous les appareils accessoires.
2 – La propagande et l’éducation par représentations artistiques et théâtrales (…).
Article 6 : La société s’interdit toute action et propagande électorales, aucun de ses membres ne pourra se prévaloir de son titre ni de ses fonctions pour briguer un mandat électif sous peine de radiation. [1]
Le Cinéma du Peuple veut soumettre à la classe ouvrière des films contre la guerre, contre l’alcool et contre toutes les iniquités sociales. Son but est « désintéressé », car les bénéfices vont essentiellement à « l’agrandissement de l’œuvre » et aux victimes de la répression. Implicitement, l’objectif reste l’éveil des travailleurs à une révolte sociale et libertaire. Le siège social se situe alors au sein de la Maison des syndiqués du 17ème arrondissement de Paris, au 67 rue Pouchet. La mise de départ de la société à « personnel et capital variable » s’élève à 20 000 francs de l’époque, divisé en 800 parts sociales de 25 francs. Chaque coopérateur a droit à 15 parts maximum, et ne possède qu’une voix. Les bénéfices éventuels se répartissent de la manière suivante : 50% aux fonds collectifs, 20% en lutte contre le patronat ainsi qu’aux victimes de la répression, et enfin 30% aux sociétaires. [2] Selon Tangui Perron, la société aurait été fortement soutenue par la Franc-maçonnerie. Une lettre interne à cette dernière exprime le combat républicain, social et laïc qu’a voulu entreprendre la Franc-maçonnerie à travers la coopérative.
Isabelle Marinone
[1] MANNONI Laurent, « 28 octobre 1913 : création de la société Le Cinéma du Peuple », Bassac, 1895 hors série, Plein chant, 1993, p. 100.
[2] PERRON Tangui, « Le Cinéma du Peuple », Op.cit, p. 28.