SÖDERHJELM, Marie-Christine Mikhailo (1916 - 2004)

MIKHAILO SÖDERHJELM, Marie-Christine (1916-8 nov. 2004)CIRA (Centre International de Recherches sur l’Anarchisme), Lausanne nécrologie *

Il faudra bien un jour écrire un livre sur les grands conservateurs de la mémoire anarchiste, ces bibliothécaires-collectionneurs qui ont joué pendant deux siècles un rôle historique fondamental. Durant cette trop longue époque, en effet, le mouvement a été généralement écarté de l’histoire populaire pour être rangé parmi les faits-divers et les dossiers de la police. Si nous pouvons accéder à un passé, un présent, une pensée et même une philosophie anarchistes, c’est parce que nous avons bénéficié d’un Max Nettlau en Europe, une Agnes Inglis aux Etats-Unis, une Marie-Christine Mikhailo en Suisse et bien d’autres inconnus dans le monde, sans parler des admirables militantes actuelles – car ce sont surtout des femmes qui ont préservé ce précieux héritage. Des centaines de chercheurs et de militants aux opinions diverses ont pu croiser leurs chemins grâce à ces érudits modestes, toujours disponibles, à l’enthousiasme incommensurable.
Marie-Christine Mikhailo, qui fut longtemps l’âme du Centre International de Recherche sur l’Anarchisme (CIRA) à Lausanne (Suisse) a influencé des générations de personnes qui eurent le bonheur de la rencontrer ou de correspondre avec elle. Enthousiaste et généreuse, elle fit du CIRA un centre d’archives précieux , une allègre succession de renseignements exceptionnels et précis, et surtout un carrefour international où l’on venait de par toute la terre, où l’on faisait halte entre deux villes, où l’on entendait les langues les plus variées, bref un lieu vivant où les uns découvraient l’esprit libertaire et les autres s’y ressourçaient. Si les anarchistes avaient une patrie, ce pré carré serait sans doute le CIRA de Lausanne. N’est-ce pas déjà un lieu mythique ?
On trouvera sur le site la référence d’un film consacré à Marie-Christine avec un commentaire de Pietro Ferrua qui l’a bien connue.
Ne pas manquer surtout le beau texte de Marie-Christine, qui fut lu en décembre 2004 à la Rencontre de Bieuzy les Eaux.
Ronald Creagh