KNABB, Ken. La Joie de la Révolution

Trad. par Ken Knabb et François Lonchampt

révolutionKNABB, Ken (1945 - )

1. Quelques réalités de la vie

Utopie ou rien
Jamais dans toute l’histoire on n’a vu si éclatant contraste entre le possible et l’existant.
Il n’est pas nécessaire d’examiner ici tous les problèmes du monde actuel. La plupart sont bien connus, et s’y attarder ne fait souvent qu’amoindrir leur réalité. Mais même si nous avons “assez de force pour supporter les maux d’autrui”, la détérioration sociale actuelle nous frappe tous. Ceux d’entre nous qui n’ont pas à affronter la répression physique, n’en subissent pas moins l’écrasement moral d’un monde toujours plus mesquin, angoissant, ignare et laid. Ceux qui échappent à la misère économique n’échappent pas à l’appauvrissement généralisé de la vie.
Et cette vie elle-même, toute pitoyable qu’elle soit, ne pourra se perpétuer longtemps dans ces conditions. Le saccage de la planète par l’expansion mondiale du capitalisme nous a amenés au point où il est bien possible que l’humanité disparaisse en quelques décennies.
Pourtant, ce même développement rend possible l’abolition du système de hiérarchie et d’exploitation basé sur la pénurie, et l’avènement d’une nouvelle forme de société réellement libérée.
Plongeant de désastre en désastre vers la folie collective et l’apocalypse écologique, ce système s’est emballé à une vitesse incontrôlable, même par ceux qui s’en prétendent les maîtres. Alors que nous ne pourrons bientôt plus sortir de nos ghettos fortifiés sans la protection de gardes armés, ni nous risquer au grand air sans l’application d’une crème pour nous protéger du cancer de la peau, il est difficile de prendre au sérieux ceux qui prônent de quémander quelques réformes.
Ce qu’il faut, à mon avis, c’est une révolution mondiale participative et démocratique qui abolira le capitalisme et l’État. Ce n’est pas rien, je le reconnais, mais rien de moins ne saurait nous amener à la racine de nos problèmes. Il peut sembler dérisoire de parler de révolution, mais toutes les autres solutions s’inscrivent dans la perpétuation du système actuel, ce qui l’est encore beaucoup plus.

Le “communisme” stalinien et le “socialisme” réformiste ne sont que des variantes du capitalisme