Maîtresse Nikita et Thierry Schaffauser. Fières d’être putes

sexualité et genre* bibliographie

L’Altiplano, 2007. 128 p. (Agit’prop). ISBN : 978-2-35346-001-4.

Note de l’éditeur

En rencontrant d’autres putes de toute l’Europe, les auteurs ont pris conscience qu’elles appartenaient à une communauté. Il était temps pour elles que la richesse des outils forgés par les mouvements féministes et homosexuels puissent nourrir l’expression d’une nouvelle parole minoritaire, une parole à la première personne retournant l’insulte en fierté. C’est sûrement le sens de la publication de Fières d’être putes.
Fières d’être putes expose de manière claire que ni le prohibitionnisme, majoritairement de droite, ni l’abolitionnisme, majoritairement de gauche, ne sont des réponses au proxénétisme ou à la traite des êtres humains. Bien au contraire, l’un comme l’autre placent de plus en plus les prostituées dans la clandestinité, favorisant ainsi le développement de réseaux de proxénètes mafieux.
Les auteurs démontrent alors que le seul et unique moyen de lutter efficacement contre les réseaux d’exploitation de la personne humaine est de leur permettre de sortir de la clandestinité en reconnaissant leur activité comme un métier à part entière, avec ses spécificités, et de leur permettre de l’exercer dans de bonnes conditions. Elles souhaitent exercer leur métier en tant que travailleuses indépendantes et en toute légalité, sans macs ni maisons closes. Elles revendiquent à travers cet ouvrage la légitimité et donc la légitimation de leur travail.
Dans un second temps l’ouvrage se concentre sur les questions de genre et, après avoir déconstruit les discours bien-pensants, en arrivent à une seule réponse : on ne peut opposer le féminisme et les putes, car il existe et doit exister un féminisme pute.
Enfin, pour répondre aux problèmes quotidiens auxquels sont confrontées une grande partie de leurs «  sœurs  », Fières d’être putes, ouvrage politique, jette les bases d’un programme de revendications concrètes à destination des politiques. Savoir si elles seront entendues...
Si Fières d’être putes aborde des questions concrètes pour les travailleuses du sexe, l’ouvrage veut également apporter un nouveau souffle et une direction nouvelle à la mouvance féministe : la lutte des putes est celle de toutes les femmes.

Les auteurs

Maîtresse Nikita, 47 ans
Elle a trois enfants et 32 ans d’exercice d’un métier méprisé par les uns et adulé par les autres : pute. Pour ceux qui en chercheraient les raisons : oui, elle vient de la DDASS. Mais qu’ils ne se méprennent pas : ses parents adoptifs ont été merveilleux. Elle est aussi ingénieur, elle a été P-DG de sociétés de conseil et photographe. Pourquoi pute, alors ? Parce qu’à quinze ans elle eu son premier client, que le sexe est une composante essentielle de sa vie, qu’elle aime procurer du plaisir et rendre les gens heureux. Pute, c’est plus qu’une histoire de cul, pour Maîtresse Nikita, c’est un art de vivre. Elle est une femme libre et elle aime son métier : prostituée.
Thierry Schaffauser, 24 ans
Travailleur du sexe peut-être tout simplement d’abord parce qu’il aime les hommes. Il aime le sexe et il considère la prostitution comme une performance artistique, selon la pensée de Grisélidis Réal, une des pionnières du mouvement dès 1975. Il a commencé à travailler dans la rue sur la place de la porte Dauphine, avenue Bugeaud, dans le 16e arrondissement. Côté militant, il a d’abord combattu contre l’homophobie et le sida avec Act Up. Thierry Schaffauser a alors rencontré Maîtresse Nikita avec qui il est allé à la conférence européenne des sex workers de Bruxelles en octobre 2005.