L’Anarchie, journal de l’Ordre No.2 (mai 1850)
BELLEGARRIGUE, Anselme (né le 23 mars 1813 à Montfort (dép. du Gers, France - 189.? )Avertissement
Le rédacteur de L’Anarchie, en abordant de front
un mot à l’aide duquel les politiques ont intimidé et rançonnéla population, s’est proposé deux choses :Premièrement de prouver que l’ORDRE est un élément
populaire et anti-gouvernemental. Le meilleur argument qu’on puisse fournir
à l’appui de cette thèse c’est que les feuilles monarchiques
saluent ouvertement la guerre civile comme une Providence.Secondement d’établir que la Révolution
est purement et simplement une question d’affaires. L’indifférence
et le scepticisme politiques auxquels le peuple s’abandonne de plus en
plus ; le dégoût qu’il montre pour les arguties et le mépris
qu’il professe pour les hommes qui veulent le commander, viennent corroborer
cette opinion et montrer que le rédacteur de L’Anarchie est d’accord
avec le sentiment public.Les partis royalistes étant historiquement et matériellement
ruinés, il n’y a pas à les combattre ; ce qu’il importe de
détruire aujourd’hui, c’est la prétention des nouveaux partis
qui, sous prétexte d’ensevelir la royauté, veulent hériter
de son pouvoir. L’Anarchie a donc à démasquer les révolutionnaires
au profit de la Révolution.Le vieux journalisme s’en va, honni par les intérêts
qu’il ait compromis, chargés des imprécations du peuple auquel
il n’a rien appris, maudits par la civilisation qu’il a pollué.Le vieux journalisme ne sait rien ni en finances, ni en
industrie, ni en commerce, ni en philosophie pratique ; à proportion
que les sciences positives s’établissent, son épaisse ignorance
est mise en saillie et, dans quelques mois, il disparaîtra dans sa
propre honte.Quand les fictions sont débordées par les
faits, les controversistes n’ont plus rien à dire.
A. Bellegarrigue