FISCHER, Adolf. Par Rudolf Rocker

ROCKER, Rudolf (1873-1958)Haymarket square (Chicago, Ill., États-Unis, 1886)FISCHER, Adolph

"Je suis typographe de métier et j’ai 25 ans. Je suis né à Bremen, Allemagne. À 15 ans, je vins aux Amériques. À Little Rock (Arkansas) où mon frère Wilhelm (Guillermo) publiait "Arkansas Staats Zeitung" (Gazette de la cité d’Arkansas), j’appris donc le métier de typo. Après j’ai travaillé à "La Voix du Peuple de l’Est", à Saint-Louis et depuis 1889, je suis membre de l’Union des typographes.
J’ai appris de très bonne heure les principes du socialisme... En 1881, je me suis marié et j’ai déménagé à Nashville (Tennessee). Quelques mois après, on est reparti à Cincinnati et c’est là que j’ai adhéré au Parti ouvrier socialiste. J’ai travaillé un petit moment à "La Presse Libre" de Cincinnati, et à "L’Ami du Peuple", et très vite je me suis vu refuser partout à cause de mes activités.
Après bien des ennuis financiers, nous débarquâmes à Chicago, ma famille et moi. J’ai tout d’abord travaillé à "La Presse Libre de Chicago", puis à "Arbeiterzeitung", où je devins chef typo" .
Au sujet de sa participation dans la prétendue conspiration qui devait avoir inspiré les faits de Haymarket, Fischer déclara devant le tribunal :
"Dans l’affaire de la bombe de Haymarket, je suis aussi innocent que le ministre Grinnel. Je ne nie pas que j’ai été de ceux qui ont organisé le meeting, mais le meeting n’avait pas pour objectif l’application de la violence et la perpétration de crimes.
Le meeting avait été organisé pour protester contre la violence et les crimes exercés par la police quelques jours auparavant aux usines Mac Cormick... Je ne nie pas non plus que dans le tract invitant le public on pouvait lire : "Travailleurs, venez armés !" et nous avions raison de dire cela aux ouvriers car nous ne voulions pas qu’ils soient fusillés au cours du meeting comme cela s’est produit dans d’autres occasions.
Lorsque les tracts furent imprimés et que Spies en lut un, il me dit : "Fischer, si on diffuse ces tracts, je ne parle pas". On ne diffusa donc pas ces tracts et Spies parla. C’est tout ce que j’ai à voir avec la réunion.
Le verdict prononcé contre moi n’est pas destiné à punir un assassinat mais l’anarchisme. J’ai la conviction d’avoir été condamné à mort parce que je suis anarchiste et non pour être délinquant.
Je n’ai jamais commis un crime, mais je connais quelqu’un qui est en passe de devenir un criminel, celui qui m’a accusé et fourni des témoins, le financier Grinnel.
Cependant si les classes dirigeantes croient se débarrasser des anarchistes et de l’anarchisme, ils se trompent lourdement, car pour les anarchistes les principes sont plus importants que la vie. Un anarchiste est toujours prêt à mourir pour ses idées, mais dans cette affaire je suis faussement accusé. Je suis condamné pour être anarchiste et c’est tout ce que j’ai à dire. "
Suite : Le témoignage de Georg ENGEL