ENZENSBERGER, Hans Magnus, Le bref été de l’anarchie - Roman. La vie et la mort de Buenaventura Durruti

DURRUTI, Buenaventura (1896-1936)littérature : romans* bibliographieENZENSBERGER, Hans MagnusPASCA, Elena

Traduit de l’allemand par Lily Jumel. Gallimard (coll. Monde Entier), 1975.328 p. ; 20 cm. Broché. ISBN-10 : 2070293092 ; ISBN-13 : 978-2070293094
CIRA, Lausanne

La technique du collage fait du roman Le bref été de l’anarchie (1972) un modèle d’écriture historique dépassant les deux pôles du roman documentaire et de la biographie, celle de Buenaventura Durruti, selon des sources hétéroclites : témoignages, discours, articles, souvenirs, colportages etc. Il n’y a pas de montage pour adoucir les contradictions formelles, car elles sont symptomatiques des « brèches qui s’élaborent dans le matériel lui-même. La reconstitution ressemble à un puzzle dont les pièces s’imbriqueraient mal les unes dans les autres. C’est justement aux juxtapositions de l’image qu’il faut s’arrêter. Peut-être s’y cache-t-il à l’insu des "raconteurs" la vérité qui motive le récit » (BEA 15). Le montage ne vient pas non plus « accréditer » les sources, trancher entre idéalisation, mensonge et « réalité », ni unifier la perspective, car cette « "opalisation" de la tradition, le scintillement collectif proviennent du mouvement dialectique de l’histoire. C’est l’expression esthétique de ses antagonismes » (BEA 15). L’histoire se révèle être une fiction dont le caractère collectif se cristallise dans la littérature ; elle « parle aussi de ce [et de ceux] qu’elle tait » et demeure ainsi « le seul système de signes cohérent où l’on puisse lire l’histoire comme une réalité matérielle et concrète » Elena Pasca, "Enzensberger, l’inquiéteur""