BADIER, Walter. « Émile Henry, le "Saint-Just de l’Anarchie" »

HENRY, Émilepropagande par le fait* bibliographieBADIER, Walter

Parlement[s], Revue d’histoire politique, 2010/2 n° 14, p. 159-171.

Résumé

Parmi les terroristes anarchistes français des années 1892-1894, Émile Henry est à la fois celui qui incarne le mieux cet épisode de violence et celui qui, paradoxalement, s’éloigne le plus de l’image « traditionnelle » du poseur de bombe. Jeune intellectuel d’abord hostile au terrorisme aveugle, il modifie son jugement initial devant l’impact médiatique des attentats de Ravachol. Il dépose, le 8 novembre 1892, à la société des Mines de Carmaux à Paris, une bombe qui explose au commissariat de la rue des Bons Enfants avant de frapper le 12 février 1894 les clients du café Terminus. Condamné à la peine capitale à vingt et un ans, il est exécuté place de la Roquette. La radicalité d’Émile Henry a pour effet d’accélérer l’éloignement des libertaires de la propagande par le fait et révèle au grand jour les divergences présentes au sein de l’anarchisme entre les tenants d’une approche « sociale » et les partisans d’une conception « individualiste ». Finalement, après l’échec de la propagande par le fait, les militants dans leur immense majorité se détournent de la conception individualiste de la lutte pour se lancer, par le biais des syndicats, à la conquête de la classe ouvrière.