FUGLER, René et Pierre SOMMERMEYER. "La crise ? Une soirée à Strasbourg"

Economie. ValeurSOMMERMEYER, Pierre(1942 - )FUGLER, René(1934 - ....)

Réfractions N°22 "Le réveil des illégalismes" (Printemps 2009)

Le lundi 1er décembre 2007, le groupe de la Fédération anarchiste de Strasbourg a accueilli dans une salle municipale plus d’une soixantaine de personnes intéressées par une autre façon de réfléchir la crise. Le groupe strasbourgeois avait demandé à Alain Bihr [1] d’intervenir à ce sujet.
Excellent pédagogue, Alain commence par exposer les mécanismes de cette crise qui a fait les beaux jours des médias. Pour lui tout s’est passé en quatre temps. D’abord il y a eu la diffusion des prêts immobiliers dits subprimes aux États-Unis qui a entraîné la titrisation des prêts subprimes, c’est-à-dire la vente de la dette par petits bouts à des investisseurs intéressés par le placement de leurs liquidités, avec le projet de bons profits. L’augmentation brusque de l’obligation de remboursement a pour conséquence la multiplication des cas d’insolvabilité et l’éclatement de la bulle immobilière. Le grand nombre de titres émis, donc le grand nombre d’acheteurs, a pour conséquence, dès lors que les remboursements ne se font pas, la diffusion de la crise à travers toute la finance mondiale. Commencée il y a un peu plus d’un an et demi, cette crise a dépassé les limites purement financières. À partir de là Alain Bihr nous a amenés à prendre en compte une autre dimension qui nous concerne plus individuellement : la part de nos salaires dans cette crise financière.
Le partage de la valeur ajoutée Il est utile de rappeler ce qu’est la « valeur ajoutée », ce terme si souvent utilisé, particulièrement d’un point de vue fiscal ou parfois, en termes politiques « révo-lutionnaires », la baisse tendancielle du taux de profit.

- La valeur ajoutée, c’est la valeur nouvellement créée par le travail fourni au cours d’une période de temps déterminée (une heure, une journée, une semaine, une année) qui produit une modification du matériau de départ, qu’il soit concret ou virtuel.
 Cette valeur ajoutée se partage entre les salaires (salaires directs et salaires indirects = prestations sociales) et la plus-value (la partie de la valeur ajoutée qui va se répartir entre les profits des entreprises industrielles et commerciales, les intérêts des banques, les dividendes des actionnaires, les rentes des propriétaires fonciers).
Ce partage est la pierre de touche du capitalisme et sa contradiction fondamentale.

L’histoire nous montre qu’il ne peut pas y avoir un équilibre idéal entre les bénéficiaires de cette valeur.
Alain Bihr présente les trois périodes qui se partagent les soixante dernières années