CAMPION, Léo. "L’Art de Marcher tout Seul" [sur Zo d’Axa]

ZO D’AXA (1864-1930)MIRBEAU, Octave (1848-1917)MALATO, Charles (1857-1938)FAURE, Sébastien (1858-1942)DARIEN, Georges (1862-1921/08/19). Pseud. de Georges Hippolyte AdrienRAVACHOL (Francis Claudius KOENIGSTEIN, dit RAVACHOL. Pseud. LÉGER, Léon), (Saint-Chamond, 14 oct. 1859 - Montbrison, 11 juillet 1892) HENRY, ÉmileFÉNÉON, Félix (Turin, Italie, 1861/06/22) - Châtenay-Malabry, France 1944/02/29). Critique d’art, journaliste, éditeur et marchand de tableauxCAMPION, Léo (1905-1992). Chansonnier, comédien, caricaturisteDESCAVES, Lucien (1861-1949)VERHAEREN, Émile (1855-1916)AJALBERT, JeanMAUCLAIR, CamilleBERNARD, Tristan (Besançon 7 septembre 1866 - Paris, 7 décembre 1947RÉGNIER, Henri de (Honfleur, Calvados 28/12/1864 - 23/05/1936)CAMPION, LéoLECOMTE, Georges (Mâcon, 9/07/1867 - 27/08/1958)BYL, ArthurVEBER, Pierre

Zo d’Axa, de son vrai nom Alphonse Galland — d’aucuns le prétendent descendant direct du célèbre navigateur La Pérouse — est né à Paris, le 24 mai 1864. Issu d’une famille catholique, bourgeoise et fortunée (son père était ingénieur de la Ville de Paris), il fut un mauvais élève et fit à Chaptal des études peu brillantes.
A 17 ans, il est Saint-Cyrien. A 18, il s’engage dans les cuirassiers, entrant à l’armée pour se libérer du joug familial. Évidemment il ne supporte pas plus l’un que l’autre. Avide d’aventures, il passe aux chasseurs d’Afrique. Mais l’armée est la même sous toutes les latitudes ; il déserte.
Notons en passant que s’il est ardent, le jeune Galland n’est pas sectaire ; son antimilitarisme n’est pas borné : en désertant, il enlève la jeune femme de son capitaine.
Réfugié à Bruxelles, il y débute dans le journalisme par quelques reportages que publient « les Nouvelles du Jour ». Puis il fait la conquête de la jolie fille d’un pharmacien et l’emmène en Suisse.
Après la Suisse, l’Italie.
Et c’est une belle Italienne — fille de professeur — qui succède à la belge progéniture d’apothicaire. Car si le jeune Galland n’est pas sectaire, il est internationaliste.
1889. Amnistie. Zo d’Axa rentre en France.
En mai 1891 paraît le premier numéro de « l’En-dehors ». Cet hebdomadaire effarant et insolite porte en exergue l’explication de son titre :
« Celui que rien n’enrôle et qu’une impulsive nature guide seule, ce hors la loi, ce hors d’école, cet isolé chercheur d’au-delà ne se dessine-t-il pas dans ce mot : l’En Dehors ? »
L’article de fond « Branche de mai » est relatif aux événements de Fourmies. C’est signé d’un pseudonyme inconnu, claironnant et exotique : Zo d’Axa.
Outre des militants anarchistes comme Charles Malato, Georges Darien, Félix Fénéon, Sébastien Faure, Arthur Byl, qui finit dans la brocante, au Marché-aux-Puces, à Saint-Ouen, et Emile Henry qui, pour avoir jeté une bombe, finit sur l’échafaud, le lecteur sera sans doute étonné d’apprendre que, parmi les rédacteurs de « L’En Dehors », figuraient, groupés autour de Zo d’Axa, les futurs Immortels Georges Lecomte et Henri de Régnier, Lucien Descaves (qui fut anarchiste !), Octave Mirbeau, qui se fit dans « l’En Dehors » l’apologiste de Ravachol, Camille Mauclair, Pierre Veber, Tristan Bernard, Ajalbert et Emile Verhaeren, entre autres.
Toutes les semaines, Zo d’Axa s’en donne à cœur joie, malgré les perquisitions, les poursuites, les saisies.
Il est plein de verve native. Nature artiste et cinglante, c’est un révolté par tempérament — pas un aigri par la misère et l’injustice. Il sait que les grands mots provoquent de grands maux et que les grandes choses ne sont que d’aimables plaisanteries.