Exposés en français

LECOIN, LouisAfrique : AlgérieAllemagneQuébec (Canada)GIRAUD, MariellepacifismeFrance. 21e siècleCommunication. EsperantoIraknon-violencegauchismeGIRAUD, DidierChicanos (USA) FREUD, Sigmund (1856-1939)Arts. Art engagé FEELEY, Francis Mc CollumEINSTEIN, AlbertLOUIS, Jeanne-HenrietteDESCAMPS, Philippe. JournalisteGAMBLIN, GuillaumeGUIGUEA, XavierIHL, OlivierLEMKE, UteMORENO, PatrickOLLIVIER, MarcRIVET, BénédicteSACCOMAN, PierreSANTAMARIA, YvesKosovo, RépubliqueBosnie Isère (France)Institut International de Coopération Intellectuelle, ParisReligion. Quakers McGUIRE, LawrenceCEIMSA (Centre des Études des Institutions et Mouvements Sociaux Américains) Université de Savoie, ChambéryLaboratoire LLS (Langues, littératures, société)
Organisé par le Professeur Francis Feeley du Laboratoire "Langues, Littératures, Société " à l’Université de Savoie, Chambéry, et Directeur du CEIMSA à l’Université de Grenoble 3.

Jo Briant : « Pas de paix sans justice et sans developpement solidaire ».

Nous sommes dans un monde profondément inégal et injuste (selon le PNUD : 3 milliards d’êtres humains survivent avec moins de 2 dollars par jour ; la fortune des 7 personnes les plus riches du monde est supérieure à celle des 50 pays les plus pauvres). Résultat d’une économie basée sur la seule logique de la recherche du profit maximum ; économie brutale et inhumaine qui est en soit une GUERRE D’UNE MINORITE DE RICHES CONTRE LES PAUVRES, des multinationales contre les travailleurs, des grandes puissances, Etats-Unis en tête, contre les pays rebelles ou détenteurs de matières premières vitales pour cette économie prédatrice (ex:guerre contre le peuple irakien, ou même guerre coloniale d’Israël contre le peuple palestinien : annexion de l’eau, des meilleures terres..). Conclusion : un monde sans guerre implique un AUTRE DEVELOPPEMENT et une RECONNAISSANCE DES DROITS DES PEUPLES ET DES MINORITES.

Barbara Buffet : « La Guerre Froide de la ‘gauche chrétienne’ et celle de la ‘droite chrétienne’ : une même religion pour deux visions du monde ».

L’atmosphère de l’époque mélange idéologies, religion et politique. La religion jouera un rôle important dans le développement des évènements. Les protestants de droite que l’on désigne aujourd’hui sous le terme de « droite chrétienne » étaient de fervents anti-communistes, d’un soutien indéfectible à la politique des gouvernements successifs et des propagandistes pour les idées du Sénateur Catholique Joseph McCarthy. Le désormais célèbre Billy Graham en est un bon exemple car, bien qu’il se disait Démocrate, il commença sa carrière à cette époque en tenant un rôle primordial dans cette croisade extérieure et intérieure contre le communisme. Il utilisera les médias et le langage de la peur pour convertir les citoyens américains à sa cause. Les chrétiens de gauche, à l’inverse, feront pour la plupart le choix du pacifisme et de la non-violence, tel A. J. Muste qui s’illustrera par son courage à une époque où être dans l’opposition signifiait être un traitre, ou un mauvais patriote. Reinhold Niebuhr, protestant moins connu du grand public, tiendra quant à lui un discours plus ambigu qui fera de lui un personnage inclassable. Personnage néanmoins intéressant puisque ses théories influenceront grandement ses successeurs, de droite comme de gauche, une même religion donc, mais une interprétation différente des saintes écritures, chaque camp accusant l’autre d’être des imposteurs et chacun justifiant pourtant leurs actions au nom de la liberté et de la démocratie en utilisant des stratégies différentes. A l’heure où on qualifie volontiers la « guerre contre le terrorisme » de Georges Bush Jr. Comme une « seconde guerre froide », il est aussi intéressant de parler de l’évolution de ces deux antagonismes religieux et de leur réaction aux attentats du 11 septembre et de la guerre en Iraq. Quel rôle jouent –ils dans la société Américaine actuelle et ont-ils une influence sur la politique internationale menée par les Etats-Unis ?

Philippe Descamps : « Souverainisme et pacifisme dans la société québécoise ».

En Amérique du nord, la société québécoise fut celle qui a montré le plus ouvertement son opposition à la guerre en Irak. Les grandes manifestations de février 2003 à Montréal et le poids de l’opinion québécoise ont contraint le Premier ministre fédéral, M. Jean Chrétien, à ne pas suivre Georges W. Bush et à refuser d’envoyer des troupes canadiennes à Bagdad. Depuis la fin de l’épisode du FLQ et le début des années 70, le pacifisme est revendiqué par les souverainistes comme l’une des finalités de l’action publique et comme un moyen d’affirmation politique. Le nouveau programme du Parti québécois proclame ainsi : « Le Québec est et sera pacifique ». Ce parti a toujours défendu l’accès à la souveraineté dans le cadre d’une démarche pacifique et démocratique. L’origine de ce pacifisme est à rechercher dans la place singulière occupée par le peuple québécois dans l’empire colonial britannique, puis dans la fédération canadienne. Il trouve ses racines dans les décennies de résistance passive face à la domination anglaise et s’inscrit en continuité avec les oppositions à la conscription lors des deux conflits mondiaux. Le journaliste Philippe Descamps propose un éclairage d’actualité sur ce trait marquant du nationalisme québécois, qui concourt à l’originalité de ce mouvement de libération nationale.

Guillaume Gamblin : « L’état de la non-violence en France ».

Cette intervention s’appuiera sur une étude réalisée auprès de 9 des principales organisations non-violentes en France, et tentera de déterminer quelles sont les orientations principales de la recherche et de l’action non-violente actuellement. Quelles sont les différentes traditions en présence ? Quelles ont été les évolutions de ces différentes organisations ? Action directe, formation, éducation, recherche : y-a-t-il des thématiques communes qui les mobilisent actuellement ? Comment ces différents mouvements se situent-ils face aux questions qui font débat dans la société française : guerres, violences sociales, etc… Et qu’en est-il de l’engagement non-violent en dehors des mouvements spécifiquement dédiés à ces questions ?

André Gazut : « Ceux qui refusent ».

De la perception par un jeune appelé de la guerre d’Algérie – une guerre coloniale - , à la violence vécue en reportage lors de plusieurs conflits, Vietnam, Angola, Shri Lanka, Nicaragua…

Didier Giraud : « Louis Lecoin : « A bas la guerre ! Vive l’anarchie. »

Ce cri lancé au printemps 1913, Louis LECOIN ne le reniera jamais. L’engagement anarchiste et les convictions pacifistes qu’il affichera toute sa vie lui vaudront un total de douze années d’enfermement dans les prisons de la République. Itinéraire d’un militant dont le nom reste attaché à l’obtention en France du statut de l’objection de conscience, votée en 1963.

Marielle Giraud : « Esperanto, une tradition pacifiste linguistique. »

Il y a un siècle, l’Esperanto était un outil pour la paix : ‘For la milito ! Milito al milito !’ (‘A bas la guerre ! Guerre à la guerre !’ ) En créant l’Esperanto, langue internationale, en 1887, L. Zamenhof avait pour but de désarmer les haines entre les peuples. Et en effet, l’Esperanto est bien présent dans le pacifisme du début du XXème siècle ; il est traversé par les mêmes courants, non-violent ou révolutionnaire. Toutefois, l’usage d’une langue nouvelle, en création permanente, langue de paix et de fraternité, a instauré une forme concrète d’internationalisme entre les individus d’une communauté sans frontières.

Xavier Guigue : « Sarajevo 1994 : la société civile Bosniaque face à la guerre
en Ex-Yougoslavie ».

Les guerres sont souvent présentées à travers les prismes des violences ou des victimes. L’analyse est alors négligée et les dynamiques internes, qui s’opposent à l’escalade d’un conflit, passées sous silence. Cela a été le cas pendant le conflit en ex-Yougoslavie et plus particulièrement en Bosnie Herzégovine. Caractérisé comme région "poudrière", catalogué comme conflit ethnique, on en a oublié d’expliquer la genèse. On a choisi de négocier avec ceux qui aujourd’hui sont condamnés de crime contre l’humanité en négligeant le soutien des mouvements démocratiques et des médias indépendants, alors que ceux-ci se mobilisaient pour défendre un État de droit, laïque, pluriculturel... S’appuyant sur les activités menées à Sarajevo pendant le conflit, Xavier Guigue illustrera l’importance des dynamiques de paix au coeur même d’un conflit et la nécessité d’avoir une stratégie collective pour les soutenir.

Olivier Ihl : « La résistance en Isère ».

Après l’armistice de juin 1940, plusieurs foyers de résistance ont éclos dans la région grenoblosie : que ce soit Combat (né d’un regroupement avec le mouvement Vérités) ou Francs-Tireurs (dont les responsables à Grenoble furent le docteur Martin, Eugène Chavant, Aimé Pupin ou Jean Perrot). Au printemps 1941 nouvelle salve de refus : le Front national étend son action avec pour relais une presse particulièrement combative. Dans la clandestinité, actions de renseignement et de camouflage vont se multiplier. Des fragments d’histoire qui restent, soixante après, toujours difficiles à dcrire, sinon à écrire. Délation, arrestation, torture, déportation : dans la capitale des Alpes livrée à l’idéologie de Vichy, à des occupants et à leurs collaborateurs, la menace était omniprésente. Et l’engrenage de la terreur impitoyable. Pourtant des gestes de refus sont apparus. Des gestes qui vont devenir la fierté d’une ville et le salut d’une génération.
Comment ces femmes et ces hommes ont ils pu entrer en résistance ? Telle sera l’interrogation de cette communication : comprendre les actes de ces figures prêtes à mourir pour une idée.

Ute Lemke : « L’Institut International de Coopération Intellectuelle et son
engagement pour la paix : la correspondance entre Einstein et Freud, Pourquoi la guerre ? (1933) ».

L’Institut International de Coopération Intellectuelle, inauguré le 16 janvier 1926 à Paris, a été créé pour compléter l’action pacifiste de la SDN par un volet culturel. Après une période d’optimisme qui dura jusqu’en 1931, où on pensait pouvoir construire un monde meilleur après le désastre de la première guerre mondiale, les années trente ne laissaient plus guère d’illusion quant à la force d’une collaboration scientifique et culturelle pour la paix face à l’avènement des dictatures. Dans mon intervention, je me focaliserai sur l’engagement de l’Allemagne au sein de l’Institut International de Coopération Intellectuelle et les conséquences de la rupture après qu’elle ait quitté la Société des Nations en 1933.

Jeanne-Henriette Louis : “Les Pacifistes du 17° siècle en Amérique du Nord"

Ainsi que l’expose Barthélémy De Ligt dans son ouvrage La paix créatrice,(1934), la tradition pacifiste constitue un fil ininterrompu en Europe depuis le début du christianisme, mais elle a trouvé un regain aux XVIème et XVIIème siècles, formant le tissu de la « Réforme radicale ». Certains acteurs de cette réforme, comme les Mennonites et les Quakers, ont émigré en Amérique du Nord dès le XVIIème siècle. D’autres acteurs de paix se sont détachés du du courant puritain dominant pour en constituer les marges. Qu’il s’agisse d’initiatives isolées, comme avant 1682, ou de l’institutionnalisation d’une Province pacifique, comme ce fut le cas avec la création de la Pennsylvanie en 1682, la clé du pacifisme nord-américain au XVIIème siècle résidait dans une bonne entente avec les Autochtones, les Amérindiens : achat de leurs terres à un prix correct, apprentissage de leur langue, et, de façon générale, respect à leur égard. Elle résidait également dans le refus de participer aux guerres franco-britanniques sur le continent nord-américain.

Patrick Moreno : « "L’esthétique guerrière" : Un paradoxe dans l’art Chicano. »

Cette communication expose un aspect problématique de la création artistique : le rapport entre expression artistique et revendication sociale. Partant du contexte historique de la protestation contre la guerre du Vietnam par certains artistes d’avant-garde, j’explore la polémique autour du contenu de l’œuvre d’art. Si l’œuvre contestataire est un exemple de l’incursion du politique dans l’esthétique (l’idéologie de l’art pour l’art refuse le mélange des deux), l’art communautaire (en l’occurrence "chicano") est souvent opposé à l’art universel (dominant). Or, dans le contenu artistique chicano, nous voyons à la fois cette revendication politique et sociale et l’invention d’une identité indigéniste s’opposant au pressions assimilationistes anglo-saxonnes. Ce contenu "culturellement spécifique" est la source du dénigrement de l’art communautaire par la critique institutionnelle. Partant du contenu identitaire de l’art chicano (passé et présent), j’interroge la signification du recours à l’imagerie aztèque. Le paradoxe réside dans la confrontation "inconsciente" de deux mythes impérialistes : le guerrier aztèque contre la machine de guerre império-capitaliste américaine.

Marc Ollivier : « Les refus de la guerre d’Algérie, révélateurs malgré eux des
déshonneurs de la gauche française. »

Les actes de résistance à la guerre coloniale menée en Algérie entre 1954 et 1962 nous apparaissent comme spontanés, dispersés et coupés de tout mouvement social conséquent dans la société française de l’époque. Aucun parti politique ne les a initiés et encore moins soutenus et élargis. Au contraire, lors de l’année charnière de 1956, alors qu’une majorité électorale s’était manifestée avec l’objectif d’aboutir à la paix en Algérie, ce qui signifiait évidemment des négociations avec le mouvement national algérien, la majorité de gauche au Parlement s’est engagée dans une guerre de répression atroce et meurtrière. On peut parler de trahison par ces partis de gauche de la volonté démocratiquement exprimée du peuple français. Dans ces conditions, il est normal que ceux qui ont refusé cette guerre ou qui ont aidé en France le mouvement national algérien aient été en petit nombre et que leurs motivations soient restées au niveau de facteurs individuels assez divers, dont le seul point commun, fondamental, était le refus. Les principaux aspects idéologiques de ces refus seront rappelés dans la communication ainsi que les raisons pour lesquelles cette résistance reste aujourd’hui d’une actualité brûlante, alors que les mêmes partis de gauche sont confrontés à la mondialisation des pratiques néocoloniales et des menaces militaristes de l’impérialisme, notamment françaises.

Bénédicte Rivet : « Le mouvement pacifiste en Kosovo ».

Brève présentation de la situation au Kosovo en 2004 : histoire récente, situation politique, la société civile ; L’Intervention Civile de Paix - les fondements, les objectifs et les principes : la violence comme obstacle à la résolution durable d’un conflit ; une action de soutien aux sociétés civiles ; une tierce partie avec un double parti pris ; Origines d’une Intervention Civile de Paix au Kosovo : le MAN - Mouvement pour une Alternative Non violente, Balkan Peace Team International et Equipes de Paix dans les Balkans ; Sa mise en place : les volontaires de la Solidarité Internationale et les acteurs de paix du Kosovo, le partenariat avec les ONG et institutions locales et internationales ; Exemple d’actions sur le terrain : des ateliers de « jeux pour lé coopération » ; Evaluation et perspectives.

Pierre Saccoman : « Souvenirs d’un jeune ‘pied noir’ opposant à la guerre d’Algérie ».

Il était difficile à un Français originaire d’Afrique du nord de s’opposer à la guerre dans les années 60 : nombreux étaient les opposants, mais l’expression publique en était difficile. D’abord à cause de la dégradation des relations intercommunautaires, ensuite l’arrivée de De Gaulle au pouvoir suite au "coup d’État" du 13 mai 58 ; puis, et peut être essentiellement la capitulation des partis dits de gauche et des organisations ouvrières en général. En France la première opposition a été, il faut le dire, ouvrière et jeune : les émeutes d’appellés en 1956, les trains arrêtés, les casernes démolies. L’absence de soutien des partis ouvriers, l’ambiance ouverte par la répression en Hongrie et l’intervention franco britannique à Suez allait fermer cette opposition et livrer la jeunesse opposante à l’arbitraire militaire et aux bataillons disciplinaires. L’opposition passe alors à l’extrême gauche (anarchiste, pacifique et trotskyste), à une partie de la gauche de la SFIO, et surtout aux militants chrétiens et par là a la CFCT et à l’UNEF. Une partie de clandestins : réseau Jeanson, Curiel, avec un soutien ambigu et restreint du parti communiste. Arrivé en France à l’automne 59, j’ai été surpris par l’ambiance anesthésiée du monde politique français et de la jeunesse. Mai 58, le gaullisme était passé par là... Le monde lycéen en particulier était très "Algérie française" les premières années des étudiants aussi, sans parler des facs de Droit et de Médecine, complètement aux mains de l’extrême droite....J’attendais beaucoup de la jeunesse française, j’ai été déçu et contraint à un travail très clandestin...par contre, l’initiative du gouvernement Debré de supprimer 20 000 sursis étudiants à l’automne 59 (pour punir l’UNEF) a provoqué la réaction immédiate et la première grande grève étudiante en mars 1960 : le tournant était pris et petit à petit (congrès de Lyon de l’UNEF, création du PSU, procès Jeanson, manifeste des 121) les choses devenaient ouvertes et l’opposition grandissait....

Yves Santamaria : "A la recherche de l’émir afghan. Extrême-gauche et islamistes dans la lutte contre la guerre.

L’ émir afghan représente, dans la tradition léniniste, l’allié objectif dans la lutte anti-impérialiste quelles que soient par ailleurs les conceptions politiques et culturelles propres à ce dernier. Dans sa lutte "contre la guerre", et particulièrement lors des interventions américaines en terre d’Islam, l’extrême-gauche contemporaine se retrouve confrontée à la question classique du compagnonnage délicat avec des forces a priori étrangères voire hostiles à leurs aspirations ultimes. Les courants politico-religieux dits "islamistes" se caractérisent en effet par un horizon mental et des pratiques qui peuvent heurter certains militants internationalistes, immergés dans la "modernité" occidentale et qui avaient su en instrumentaliser des passions pacifistes peu à l’honneur chez leurs alliés musulmans."