DELPECH, Jean-Marc. Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur (Portrait d’un anarchiste (1879-1954)
Droit. Vol et voleurs : voir aussi "Expropriation"* bibliographieJACOB, Alexandre Marius (1879-1954)illégalismeDELPECH, Jean-MarcLyon : Atelier de Création libertaire, 2008.
Le poids de l’anarchisme dans l’imaginaire collectif est sans doute bien plus important que celui des actions organisées par les militants ou les organisations qui s’en réclament. En France, l’illégalisme a une longue tradition, surtout sous une forme collective, et plus récemment elle se revendique de la "désobéissance civile" [1]. Néanmoins, les jugements se font intransigeants lorsque les pauvres s’attaquent à la propriété privée. Même lorsqu’il ne s’agit pas de détruire des biens mais du droit de survie. Louise Michel, Marius Jacob et bien d’autres témoignent de ce courant subversif.
Présentation de l’éditeur Honnête ? « Qui est conforme ou qui se conforme aux règles de la morale, de la probité, de la loyauté » nous dit le Petit Larousse. Mais de quelle morale peut-il s’agir dans une société régie par le capitalisme triomphant et soutenue par le principe de la lutte des classes ? « Qui ne vole pas, ne fait ni escroquerie, ni détournement » ajoute le Petit Robert. Hypocrite et légale ambiguïté qui transforme l’honnête homme en mouton social, en bon citoyen. Ce à quoi le non citoyen Jacob Alexandre Marius (1879-1954), ex matricule 34777, peut répondre en 1932 : « Il y a une erreur, disons le mot, un mensonge capital. Celui-ci : la délinquance est l’exception, l’honnêteté la règle. » Loin, très loin des clichés de l’extraordinaire aventurier, l’histoire de l’honnête Travailleur de la nuit, du « cas témoin de l’illégalisme » (selon l’expression de l’historien Jean Maitron) s’inscrit de toute évidence dans le cadre d’une guerre sociale pensée et menée au nom de l’idéal anarchiste à la fin du xixe siècle, une époque que d’aucuns à fortiori ont osé qualifier de Belle. L’histoire de Jacob finit par éclairer celle de tout un mouvement. Et l’irrévérencieux cambrioleur, qui porte haut le verbe libertaire, est appelé à payer très cher ses atteintes à la divine et bourgeoise propriété. Mais le bagne et ses iniquités ne peuvent briser un être probe, loyal et moral... un honnête homme.
[1] L’illégalisme a même été exceptionnellement prôné par l’Eglise catholique pour la défense de ses intérêts : en 1946 Mgr Cazaux, évêque de Luçon, la propose aux 100,000 fidèles qui manifestent à ses côtés. Cf. Jean-Louis Ormières, Politique et religion en France, Editions Complexe, 2002 p. 192